Les cours du pétrole s'orientent vers une "zone dangereuse", ce qui pourrait affecter la reprise économique mondiale, a déclaré au Financial Times l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Fatih Birol avait déjà émis un avertissement similaire le mois dernier. "Les cours du pétrole entrent dans une zone dangereuse pour l'économie mondiale", déclare-t-il à la Une du quotidien économique. "Les factures d'importation de pétrole deviennent une menace pour la reprise économique. C'est un signal d'alarme aux pays consommateurs de pétrole et aux producteurs", ajoute-t-il. Citant une étude de l'AIE, le FT souligne qu'en 2010 la facture des importations de pétrole pour les 34 pays de l'OCDE a progressé de 200 milliards de dollars à environ 790 milliards de dollars. Ces commentaires devraient mettre la pression sur le cartel des pays producteurs, l'Opep, qui en décembre a décidé de laisser inchangés ses quotas de production. Les cours du pétrole ont atteint un plus haut depuis deux ans lundi, sur fond de confiance dans la reprise économique et donc dans le niveau de la consommation mondiale d'or noir avec les nouvelles statistiques positives pour l'économie américaine. "De tels cours ne sont dans l'intérêt de personne", selon Birol, qui note que les pays de l'OCDE représentent à eux seuls 65% des importations mondiales de pétrole : "Les producteurs de pétrole ont besoin de clients en forme économiquement, mais ces cours élevés vont tôt ou tard affaiblir ces économies, ce qui entraînera mécaniquement une baisse des importations de pétrole". Selon Birol, à court terme "ce ne serait pas une mauvaise idée que les producteurs se préparent à augmenter leur production et montrent qu'ils comprennent combien ces cours élevés ne sont pas bons pour l'économie mondialisée". Notons néanmoins que les prix du pétrole poursuivaient leur baisse hier en cours d'échanges européens, pénalisés par un renforcement du dollar et par des prises de bénéfices suite aux plus hauts depuis plus deux ans, atteints mardi. Vers 11h00 GMT (12h00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 92,64 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, perdant 89 cents par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février cédait quant à lui 1,14 dollar à 88,24 dollars, évoluant à des niveaux plus vus depuis plus de deux semaines. Les cours du brut pliaient sous le poids d'un renforcement du billet vert, autour de 1,3220 dollar pour un euro mercredi, un mouvement de nature à rendre moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. De plus, "le recul des cours depuis mercredi peut être attribué à un mouvement de prises de bénéfices après un optimisme excessif des marchés" sur les perspectives de la demande mondiale en 2011, notaient les analystes de Commerzbank. Cet optimisme avait poussé lundi les prix du baril de pétrole à leur niveau le plus élevé depuis plus de deux ans à New York (92,58 dollars) comme à Londres (96,17 dollars). "La plupart des observateurs semble avoir adopté une posture plus critique vis-à-vis du rebond des cours amorcé fin 2010, aucun indice sur l'offre et la demande ne venant étayer les attentes" du marché, expliquaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Cependant, les prix pourraient être soutenus à court terme par les prévisions du mois de janvier, qui pourrait être le plus froid depuis 25 ans aux Etats-Unis, notaient des analystes.