La hausse subite des prix des produits alimentaires de base, en ce début d'année remet au centre des débats les questions qui ont toujours émaillé le fonctionnement de la sphère commerciale en Algérie, à savoir la réorganisation des circuits de distribution et notre dépendance alimentaire envers les marchés mondiaux. Il est aujourd'hui acquis que nous importons près de 80 % de nos besoins alimentaires. Une récente étude du Centre national d'étude et d'analyse pour la population et le développement a mis en garde contre les implications de cette dépendance sur la sécurité alimentaire. Et on le voit aujourd'hui, le marché national est extrêmement sensible aux fluctuations des bourses mondiales. Aussi, malgré les différents programmes initiés afin de promouvoir la production agricole, les problèmes de la filière agro-industrielle demeure entière que ce soit en amont ou en aval. Ce sont toujours les même questions que se reposent chaque année : déficit en collecte de lait, déstructuration de la filière tomate industrielle, mauvaise qualité des blés produits en Algérie, et surproduction dans la filière des produits maraîchers poussant souvent à recourir au stockage et aux chambre froides. Lesquelles chambres sont devenues l'apanage des spéculateurs qui s'évertuent à entretenir les tensions sur le marché des produits alimentaires. D'ailleurs, la prédominance de la spéculation invite les autorités concernées à réorganiser le marché de la distribution dans l'agroalimentaire. C'est ce qu'a d'ailleurs tenté d'opérer le ministère du Commerce à travers la nouvelle loi sur la concurrence. Néanmoins, l'impact des nouvelles mesures a été violent. Certains observateurs plaident d'ailleurs pour une réorganisation progressive et graduelle en développant les centrales d'achat et autres logistiques, ainsi que les réseaux de grande distribution. Néanmoins, ce segment est resté au stade embryonnaire même si les potentialités du marché semblent très importantes. Face à l'indisponibilité du foncier et la concurrence déloyale de l'informel, les tentatives d'Arcofina ou encore Blanky n'ont pas fait long feu. Seul le Groupe Cevital qui développe l'enseigne Uno à travers la filiale Numidis semble tirer son épingle du jeu. Le Groupe d'Issaâd Rebrab a d'ailleurs annoncé un programme d'investissement dans la réalisation de centrales logistiques et de chambres froides de stockage en Algérie et ce afin d'aider à réguler le marché. Un programme d'investissement de plus de 10 milliards de dinars pour la réalisation de trois grandes centrales logistiques dont une au centre du pays, une autre à Constantine et la troisième à Sig. D'autres centrales de moindre importance seront également installées à Aïn Defla, Biskra, El-Oued, Tlemcen et Annaba.