Les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont entamé l'année sur les chapeaux de roue, le cuivre grimpant à un nouveau sommet historique, alors que l'aluminium et le plomb retrouvaient des plus hauts depuis plus de deux ans. Les cours des métaux de base ont débuté la semaine, et l'année, en fanfare, portés par un regain d'optimisme sur la vigueur de la reprise de l'économie américaine après la publication d'une série d'indicateurs bien meilleurs que prévu et redonnant espoir sur une hausse de la demande de la première économie mondiale en matières premières, ont noté des analystes. Les investisseurs ont repris confiance mardi suite à la publication d'une progression inattendue des commandes aux industries manufacturières américaines en décembre. Cet enthousiasme a été alimenté mercredi par une hausse, d'une ampleur inattendue, des créations d'emploi dans le secteur privé aux Etats-Unis en décembre, avant "de faire apparaître une vague de prises de bénéfices", après la forte progression des cours, a observé William Adams, analyste du cabinet FastMarkets. Ce mouvement de vente a d'ailleurs été exacerbé par un renforcement du billet vert, notamment face à l'euro et au yen, rendant moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. Cependant, alors que le marché digérait vendredi le rapport mensuel sur l'emploi et le chômage aux Etats-Unis, les cours des métaux tentaient de rebondir, portés par une chasse aux bonnes affaires menée par des investisseurs spéculatifs. Ces investisseurs profitent de tout repli des cours pour effectuer des achats à bon compte alors qu'une demande soutenue et des tensions sur l'offre pourraient pousser les cours toujours plus haut. Baromètre du marché, le cuivre a atteint mardi un nouveau record historique, à 9754 dollars la tonne, bénéficiant des inquiétudes sur l'offre sur un marché mondial déjà en déficit. Malgré un repli en fin de semaine, le métal rouge devrait reprendre sous peu le chemin de la hausse et voler de record en record en 2011 comme l'année passée. "De tous les métaux de base, le cuivre bénéficie des fondamentaux les plus positifs, avec la forte probabilité de voir de nouveau la croissance de l'offre à la traîne derrière la progression de la demande, et le creusement significatif en 2011 du déficit sur le marché", a expliqué Yingxi Yu, analyste chez Barclays Capital. Les inquiétudes sur l'offre étaient renforcées par la perspective d'un mouvement de grève, prévu à partir de mi-janvier, dans une mine péruvienne dont la production a représenté entre janvier et novembre 2009 près de 2% de la production mondiale, a également relevé l'analyste. L'aluminium est monté vendredi jusqu'à 2.531 dollars la tonne, son niveau le plus élevé depuis fin septembre 2008, rattrapant ainsi une partie du retard observé en fin d'année par rapport au rebond des autres métaux de base, ont noté les analystes de Commerzbank. Le plomb a franchi jeudi le seuil de 2700 dollars la tonne pour la première fois depuis le 1er mai 2008, grimpant même le même jour jusqu'à 2712,75 dollars la tonne, un plus haut depuis cette même date. L'annonce de l'arrêt temporaire de la production à la mine de Magellan en Australie, le transport de plomb ayant été interdit en Australie-Occidentale pour raisons sanitaires, a permis aux cours d'accélérer leur hausse, ont expliqué les analystes de Commerzbank, qui évalue la production du site à environ 2% de la production mondiale de plomb. De leur côté, les cours des métaux précieux ont débuté l'année en reprenant leur souffle, reculant après de nouveaux sommets pour l'argent et le palladium, les investisseurs se détournant, dans un regain d'optimisme sur la reprise économique américaine, des valeurs refuge qu'ils représentent. Le cours de l'or est reparti à la baisse cette semaine, tombant vendredi à 1352,50 dollars l'once, son niveau le plus faible depuis fin novembre, pénalisé par un regain d'optimisme sur la vigueur de la reprise américaine. "L'or a entraîné les métaux précieux dans sa chute en ce début d'année, plombé par un renchérissement du dollar et une série d'indicateurs économiques américains encourageants, des facteurs qui ont poussé les investisseurs à engranger des bénéfices (sur les valeurs refuge comme le métal jaune, NDLR) et à partir en quête d'actifs plus risqués", a commenté Robin Bhar, analyste chez Crédit Agricole CIB. La progression inattendue des commandes aux industries manufacturières américaines en décembre ainsi qu'une série d'indicateurs encourageants sur le marché du travail, particulièrement touché par la crise, ont porté le billet vert à son niveau le plus fort depuis mi-septembre face à l'euro. Le renforcement du billet vert rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. "Cependant, l'or devrait connaître de nouveaux records en 2011, porté par des inquiétudes persistantes sur les dettes en zone euro et le niveau du déficit américain", anticipait M. Bhar, une perspective largement partagée par les observateurs. Le 7 décembre, l'once d'or était montée à 1431,25 dollars, un record historique. L'argent a grimpé lundi jusqu'à 31,23 dollars l'once, son cours le plus élevé depuis mars 1980, avant de glisser dans le sillage de l'or et finir la semaine en baisse. Le métal gris, considéré comme un investissement alternatif à l'or, devrait connaître une année faste, porté par un accroissement de la demande industrielle en 2011, alors que les conditions économiques mondiales s'améliorent, prévoyait M. Bhar. Le prix du métal gris a terminé vendredi à 28,39 dollars l'once contre 30,63 dollars une semaine auparavant.