Le produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne s'est contracté de 2,1% au quatrième trimestre, un recul sans précédent depuis la réunification en 1990, sous l'effet du net ralentissement de l'industrie manufacturière qui a fait reculer les exportations ainsi que les investissements de la première économie européenne. "Cela montre que la situation s'est nettement dégradée à la fin de l'année", souligne Jürgen Michels, économiste à Citigroup. "Nous nous dirigeons probablement vers un nouveau recul aux premier et deuxième trimestres." La baisse du PIB sur la période octobre-décembre, plus forte qu'attendue, a été provoquée en particulier par la baisse des investissements et du commerce extérieur, a précisé l'Office fédéral de la statistique. Jamais depuis 1990, l'économie allemande ne s'était contractée de plus de 1,2% sur un trimestre, selon les statistiques de la Bundesbank. Quarante économistes interrogés par Reuters la semaine dernière anticipaient en moyenne une contraction de 1,8% au quatrième trimestre. La période octobre-décembre marque le troisième trimestre d'affilée de contraction du PIB, ce qui ne s'était plus produit depuis fin 2002, début 2003. Le gouvernement a d'ores et déjà prévenu qu'un nouveau recul du PIB était prévisible au premier trimestre de 2009. En rythme annuel, le PIB allemand accuse une baisse 1,6% au quatrième trimestre, contre +1,4% sur la période juillet-septembre. Les commandes à l'industrie et la production ont enregistré une baisse sans précédente depuis la réunification au mois de décembre, sous l'effet de la chute de la demande pour les biens manufacturés. Les commandes de machines-outils ont, elles, plongé sur la période octobre-décembre, le pire trimestre depuis 50 ans. Les exportations, pilier de la croissance depuis des années, n'ont pas été épargnées et elles ont enregistré une baisse record en novembre, avant un nouveau recul en décembre. L'impact de la récession sur l'économie réelle ne cesse de s'accroître et le chômage, de nouveau en hausse, devrait augmenter rapidement. Il existe toutefois quelques signes d'espoir. Selon les données de VDIK, la fédération qui regroupe les importateurs de voitures, les immatriculations de voitures neuves pourraient enregistrer une croissance à deux chiffres en rythme annualisé au cours du premier trimestre, grâce aux mesures de relance du gouvernement qui commencent à avoir un impact positif sur la demande. L'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne a par ailleurs connu une légère amélioration au mois de janvier, pour la première fois depuis huit mois.