L'informel et la vente sans facture se sont enracinés dans la sphère commerciale algérienne tel un cancer et s'opposent actuellement à toute tentative d'instaurer un peu de transparence dans les transactions commerciales. Ainsi et selon le directeur du contrôle économique et de la répression des fraudes Abdelhamid Boukahnoune, le chiffre d'affaires dissimulé des ventes sans facturation a atteint quelque 60 milliards de dinars en 2009. Le responsable du ministère du Commerce qui intervenait, jeudi, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale a indiqué qu'il s'attend pour l'année 2010 à un montant avoisinant le même chiffre de l'année précédente, ajoutant que 170.000 infractions à la pratique réglementaire des prix avaient été relevées par les services de contrôle en 2009. Ces infractions concernent en premier lieu les défauts de facturation et l'exercice d'activité sans registre de commerce, explique-t-il. Il faut dire que ces pratiques ont été lourdes en conséquences et ont fortement impacté les prix des produits de première nécessité. Ainsi, et selon des opérateurs économiques, le niveau élevé des prix de certains produits alimentaires de base, notamment le sucre et l'huile, n'est pas seulement la conséquence de la hausse des cours mondiaux et de l'inflation mais aussi, des pratiques liées à l'informel. Dans ce contexte le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani, a estimé que "la distribution des produits alimentaires est un peu caractérisée par d'anciennes pratiques liées à l'informel, d'où cette augmentation subite et importante des prix". L'augmentation de 20 à 30% des prix de certains produits de première nécessité comme le sucre et l'huile, serait la conséquence du "souci des autorités de mettre un terme à ce marché informel dans les plus brefs délais" avec la mise en place d'instruments et de mécanismes pour le renforcement de la transparence dans le secteur du commerce. A ce titre, le président du FCE préconise une "politique plus progressive et consensuelle pour mettre fin à ce marché", soutenant qu'"à l'avenir il y aura une plus grande préparation des autorités pour faire face à ce genre de situation". Il a suggéré, par ailleurs, la création d'"une caisse de régulation ou de compensation comme celle qui existe pour le pétrole afin d'éviter que la flambée des prix sur les marchés internationaux ne se répercute sur le marché local et protéger ainsi le pouvoir d'achat des citoyens". De son côté, le vice président du Conseil national économique et social, Bouras Djoudi, a souligné également la progression de la "demande de monnaie, qui devient importante avec la hausse des revenus" comme facteur favorisant l'inflation. Le responsable du Cnes a également cité "la méfiance des citoyens de l'augmentation des prix et le recours au stockage des denrées alimentaires". Pour sa part, le directeur général de l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (Algex), Mohamed Bennini, a indiqué qu'il faudrait "envisager une production nationale" du sucre et d'huile à long terme, relevant que des expériences ont été déjà réalisées dans ce sens.