Les cours de l'or et de l'argent ont pâti cette semaine d'un regain de confiance des investisseurs dans la zone euro, tandis que les platinoïdes montaient à de nouveaux sommets dans un marché porté par des inquiétudes sur la production sud-africaine. Les métaux platinoïdes ont enregistré une franche progression, qui a porté jeudi le platine jusqu'à 1829,50 dollars, un niveau plus vu depuis juillet 2008, et le palladium jusqu'à 823,95 dollars, son plus haut niveau depuis mars 2001. C'est la première fois depuis 10 ans que la palladium franchissait la barre des 800 dollars. Les platinoïdes étaient stimulés par "la spéculation de coupures d'électricité dans les mines d'Afrique du Sud", premier producteur de platine et deuxième de palladium dans le monde, soulignait le cabinet spécialisé Johnson Matthey. En cause, "d'importantes pluies qui ont affecté la production de charbon sud-africaine", source énergétique majeure du pays, "une situation qui commence à affecter les cours du platine" puis du palladium, ajoutait-il. Sur le London Platinium and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi à 1811 dollars contre 1735 dollars le vendredi précédent. L'once de palladium a fini à 795 dollars contre 754 dollars une semaine plus tôt. Le cours de l'or a évolué cette semaine dans une fourchette étroite d'une trentaine de dollars, progressant légèrement avant d'effacer ses gains jeudi et vendredi, déserté par des opérateurs plus optimistes. "Même le net affaiblissement de la monnaie américaine (habituellement favorable au métal jaune, libellé en dollars, ndlr) n'a pas pu soutenir les cours", remarquaient les analystes de Commerzbank. "Pour certains opérateurs, le pire de la crise des dettes en zone euro est derrière nous", ajoutaient-ils. Le marché se voyait rasséréné après des émissions obligataires jugées réussies par le Portugal, puis l'Espagne et l'Italie, et des indicateurs encourageants tels une croissance record en Allemagne en décembre. Traduisant la réaction confiante des investisseurs, SPDR Gold Trust, le plus important fonds d'or coté dans le monde a vu jeudi le niveau de ses participations reculer de près de 5,5 tonnes. "Le frémissement observé récemment sur l'or semble s'essouffler alors que les craintes sur les dettes souveraines européennes passent au second plan", soulignait Manoj Ladwa, courtier de ETX Capital. Mais "avec tant d'investisseurs misant très gros sur une hausse des cours, les courtiers ne peuvent que se demander quel sera le prochain prétexte à une nouvelle vague d'achats" d'or, tempérait-il aussitôt. Dans un rapport publié jeudi, le cabinet spécialisé GFMS estime possible que le niveau sans précédent des 1600 dollars soit atteint fin 2011 ou début 2012. L'or "sera principalement soutenu par des taux d'intérêts toujours bas", qui entretiennent la liquidité, "le nombre limité d'actifs rémunérateurs (sur les autres marchés), le niveau élevé des dettes publiques en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, mais aussi l'impact de l'assouplissement monétaire américain sur le dollar", a souligné GFMS. Comme de coutume, le cours de l'argent a épousé celui de l'or, avant d'accéléré ses pertes vendredi pour glisser jusqu'à 28,08 dollars l'once, son plus bas niveau depuis le 10 décembre. "La dynamique de l'offre et de la demande sur le marché de l'argent est la plus faible parmi les métaux précieux et l'intérêt des investisseurs s'émousse", commentait Suki Cooper, analyste de de Barclays Capital. "A moins d'une sévère correction, il ne faudrait pas compter sur les fondamentaux (du marché) pour soutenir les prix", ajoutait-elle. Le prix du métal gris a terminé vendredi à 28,27 dollars l'once contre 28,39 dollars une semaine auparavant. Pour leur part, les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont hésité cette semaine, dans un marché soutenu par la Chine et par un affaiblissement du dollar, le nickel parvenant à se hisser brièvement à son plus haut niveau depuis plus de huit mois. Après avoir démarré l'année sur les chapeaux de roues lors de la première semaine de janvier, qui a vu le cuivre grimper à un nouveau sommet historique, le marché des métaux industriels reprenait quelque peu son souffle. "Les métaux semblent avoir rencontré quelques difficultés pour retrouver leurs sommets de la semaine précédente, ce qui pose la question de savoir si la récente envolée n'était pas seulement portée par une chasse aux bonnes affaires" de la part des investisseurs, notait William Adams, de Fast Markets. En milieu de semaine, le net affaiblissement de la monnaie américaine face à l'euro a redonné un peu d'élan au marché, la dépréciation du billet vert rendant plus attractifs les métaux industriels libellés en dollars. "Ce ressaisissement provenait largement d'une amélioration de l'humeur (des opérateurs) quant à l'environnement macroéconomique de la zone euro", a ajouté Nicholas Snowdon, analyste de Barclays Capital, citant notamment une croissance de la production industrielle meilleure qu'attendu en novembre dans la zone. Par ailleurs, l'Allemagne a dévoilé pour décembre une croissance record depuis la réunification du pays. La tendance reste ancrée à la hausse, confirmait M. Adams, mettant en avant "l'optimisme sur la reprise américaine et une croissance toujours robuste en Chine", premier consommateur mondial de métaux de base et dont les importations de cuivre ont atteint en 2010 un niveau record, selon des chiffres publiés lundi.