Les métaux précieux ont bondi cette semaine, l'or franchissant à nouveau la barre des 1400 dollars l'once dans un marché revigoré par les soubresauts de la crise des dettes souveraines en zone euro, et le palladium enregistrant de son côté un nouveau plus haut depuis neuf ans. Le cours du métal jaune ont progressé de près de 4% (plus de 50 dollars) cette semaine, remontant à nouveau vendredi au-dessus des 1400 dollars l'once pour la première fois depuis trois semaines, profitant de leur statut de valeur-refuge face aux incertitudes économiques des deux côtés de l'Atlantique. "Les prix de l'or se rapprochent des niveaux record atteints mi-novembre: ils bénéficient du dernier accès de détresse de la crise" des dettes souveraines en zone euro, précipitant les investisseurs vers l'or comme pendant la crise grecque au printemps, relevaient les analystes de Deutsche Bank. Alors que le marché redoute de plus en plus une contagion de la situation irlandaise à d'autres pays fragiles de la zone euro, tel le Portugal, "l'environnement macroéconomique donne le ton", estimait Suki Cooper, de Barclays Capital. Selon elle, le métal jaune pourrait profiter d'un cocktail très favorable pour grimper à de nouveaux sommets: crise des dettes, mais aussi taux d'intérêts extrêmement bas encourageant les investisseurs à se reporter sur le métal jaune et inquiétudes persistantes sur l'instabilité des devises. Signes de l'engouement des investisseurs, le plus important fonds d'or coté dans le monde, SPDR Gold Trust, a vu le volume de ses participations grossir de 7 tonnes mercredi puis de 4,6 tonnes le lendemain. Autre information propre à exacerber l'appétit du marché: les importations d'or chinoises ont progressé de 480% sur un an pour atteindre 209,73 tonnes sur les dix premiers mois de l'année. L'autorisation cette semaine par les régulateurs chinois d'un fonds d'investissement basé sur les cours de l'or représente par ailleurs un nouveau pas dans la libéralisation du marché de l'or en Chine, propre à stimuler la demande croissante du pays, indiquaient des analystes. Les cours de l'argent ont nettement progressé, à l'unisson de ceux de l'or. "Bien que la demande industrielle d'argent continue de croître, les prix de l'argent pourraient faire l'objet de violentes corrections si jamais l'appétit du marché pour l'or venait à fléchir", a cependant averti Barclays Capital. Les métaux platinoïdes se sont envolés, à l'unisson des autres métaux précieux, portés par la forte progression, dévoilée cette semaine, des ventes des constructeurs automobiles américains General Motors, Ford et Chrysler en novembre aux Etats-Unis. "Le fait que l'industrie automobile américaine poursuit sa lente reprise d'après-crise est encourageant pour les cours du platine, même si le tableau n'est pas aussi rose ailleurs, au Japon et en Europe", relevait le cabinet spécialisé Johnson Matthey. Le palladium, pour sa part, était toujours soutenu par la perspective d'un épuisement des stocks de la Russie, premier producteur mondial: le cours du palladium est ainsi monté vendredi jusqu'à 779,10 dollars l'once, son plus haut niveau depuis avril 2001. Après avoir stagné pendant près de deux semaines, les prix des métaux industriels ont retrouvé leur niveau de mi-novembre, portés par "une série d'indicateurs encourageants", a observé Gayle Berry, analyste chez Barclays Capital. "Une indice manufacturier robuste en Chine, un bon chiffre de l'emploi (dans le secteur privé, publié mercredi ndlr) aux Etats-Unis, auxquels s'ajoutait le succès d'une émission obligataire au Portugal, ont fourni un tremplin pour un rebond de la confiance sur les marchés et de l'appétit (des investisseurs) pour les actifs à risque, qui ont à leur tour porté la hausse" des cours des métaux, expliquait-elle. Malgré un accès de faiblesse du billet vert vendredi, traditionnellement de nature à favoriser les achats de matières premières libellées en dollar, les cours atténuaient cependant légèrement leur rebond vendredi après la publication de chiffres décevants de l'emploi aux Etats-Unis. L'économie américaine a créé quatre fois moins d'emplois en novembre que le mois précédent, beaucoup moins qu'espéré, alors que le taux de chômage remontait à son plus haut niveau depuis avril, des chiffres propres à alimenter les craintes sur la vigueur et la pérennité de la reprise américaine. De plus, des inquiétudes persistaient sur la possibilité de voir la crise des dettes souveraines faire contagion, après la Grèce et l'Irlande, à d'autres pays de la zone de la zone euro en proie à de sévères difficultés budgétaires, comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie. Ainsi, les cours pourraient à court terme pâtir de prises de bénéfices de la part d'investisseurs spéculatifs, notaient les analystes de Fast Markets. Baromètre du marché, le CUIVRE a fortement rebondi cette semaine, à la faveur de signes toujours plus marqués de tensions sur l'offre mondiale de métal rouge alors que la demande demeure robuste. Pour les experts du cabinet londonien GFMS, qui fait autorité dans le secteur des métaux précieux, "l'étroitesse du marché" constatée depuis plusieurs mois devrait se poursuivre pendant "la majeure partie des trois années à venir", portant ainsi les cours du métal rouge "de record historique en record historique". La tonne d'ALUMINIUM est montée jeudi à 2387,50 dollars, la tonne de ZINC à 2265 dollars le même jour, et la tonne de PLOMB a atteint 2390 dollars vendredi, des niveaux plus vus depuis la 16 novembre. L'ETAIN a touché vendredi 25'725 dollars la tonne, un plus haut depuis le 19 novembre. Porté par une demande soutenue en acier inoxydable, un de ses principaux débouchés, le NICKEL a atteint jeudi 24'000 dollars la tonne, un sommet depuis le 11 novembre.