Avec sa "Maison jaune " qui a ému ici et là-bas, en ce temps où tous ceux qui pactisent avec les responsables peuvent faire des films, on savait que le vent de la vérité soufflerait sur un remblai de grain et d'ivraie et que le grain serait bien maigre. C'est par hasard ou par un heureux hasard que Amor Hakkar a été découvert au rythme de quelques festivals de cinéma qui se déroulent de façon sporadique chez nous. Le succés est alors immédiat avec sa "maison jaune " qui a même raflé Le Léopard d'Or au prestigieux Locaro. Le cinéaste récidive avec tout autre chose ; "Quelques jours de répit", un long métrage qui a totalement séduit ceux qui visionnent les films pour le Sundance Festival des USA, un rendez- vous américain exclusivement indépendant, un des principaux au monde. Il se tient chaque année à Park City et Salt Lake City dans l'Utah. Il présente essentiellement des films indépendants dans des sections compétitives ou non-compétitives. Eh Bien " "Quelques jours de répit",est parti là-bas où se clôture aujourd'hui cette manif qui fut précédée par le visionnage de 1073 films et la sélection de 58 parmi lesquels, celui de cette production algéro-française de Amor Hakkar. Il était projeté en compétition officielle donc était sujet aux jugements des jury dans ce festival créé en 1978 par le monstre du cinéma mondial, Robert Redford. C'est une première si nous ne comptons pas une autre poussée de nos films chez l'oncle Sam avec " Hors la loi " de Rachid Bouchareb nominé aux oscars parmi cinq autres films de la meilleure œuvre de langue étrangère. Mais ça c'est autre chose. "En septembre dernier, lorsque nous avons envoyé un CD du film pour présenter notre candidature au festival de Sundance, nous n'imaginions pas que nous pourrions faire partie des 13 films retenus sur 1 073", a déclaré le réalisateur Amor Hakkar dans un communiqué du ministère de la Culture. Traduit en anglais par "A few days of respite ", a été tourné en 2009 dans le Jura. Il raconte la fuite de Hassan et Mohsen de leur pays natal, la République Islamique d'Iran. Leur long périple les mènera en France, clandestinement, où ils rencontrent une femme qui sera décisive dans leurs vies : Yolande. C'est le récit bouleversant de deux homosexuels iraniens. Il s'agit-là incontestablement des droits des minorités et des libertés des moeurs dans un pays qui n'impose comme règles que les dogmatiques maximes de l'Islam. Les principaux rôles du film sont joués par les deux cinéastes et comédiens algériens: Samir Guesmi et Amor Hakkar. Financé par de petites aides à la production en France, le film a été soutenu pour la postproduction par l'Algérie. Il est inscrit à Sundance sous la bannière franco-algérienne. Le film de Amor Hakkar sera présenté au total, 10 fois aux Etats-Unis avant d'être projeté au marché du film de Berlin le 13 février, avec une étiquette spéciale "Sundance"; ce qui apporte un cachet supplémentaire de notoriété parmi des centaines d'autres films présentés. Avec un petit budget de 200.000 euros qui fut amorcé par notre fameux FDATIC, le réalisateur a réussi a gonfler son film en 35 mm avant de s'envoler à Sundance. Sundance et " La Maison jaune ", un film touchant Le festival de Sundance est créé en 1978 sous le nom de " Utah/US Film Festival ". Il se tient alors en septembre, sa programmation étant constituée pour l'essentiel de rétrospectives. Mais le festival propose aussi des courts métrages et des films réalisés hors du système hollywoodien. Le festival reste un évènement local jusqu'à ce que Robert Redford, qui habite en Utah, en devienne président et, surtout, jusqu'à ce qu'il soit programmé en janvier, en pleine saison de ski. À partir de 1985, le festival est organisé par une association à but non lucratif, le Sundance Institute. En 1991, la manifestation est officiellement rebaptisée " Sundance Film Festival ", en référence au célèbre rôle de Robert Redford dans Butch Cassidy et le Kid. De nombreux réalisateurs indépendants ont été révélés par le festival. Parmi ceux-ci, on peut citer Kevin Smith, Robert Rodriguez, Quentin Tarantino ou Jim Jarmusch. Pour aller là-bas, c'est sûr que le palmarès de l'auteur de " la maison jaune " a pesé. Prix du Jury œcuménique, prix du jury des jeunes, prix de la fédération internationale des Ciné-clubs au Festival de Locarno 2007. Dans cette œuvre, le cinéaste nous offre bien plus qu'un film autobiographique. Un voyage douloureux qu'il a fait en Algérie en 2002, pour enterrer son père au douar. Ici, c'est Mouloud Boulem qu'il interprète lui-même, un paysan des Aurès qui est convoqué par la police de Batna pour aller reconnaître en ville son fils Belgacem, décédé au cours du service militaire. Ce film est un immense voyage dans le temps d'un homme, d'une famille, d'une société algérienne qui se trouve déboussolée par la mort d'un jeune. La Maison jaune emboîte plusieurs petits métrages dans une grande histoire cousue par un paysage, celui de l'Atlas algérien et de la ville, un paysage sublimé par l'histoire humaine. Après avoir volé le cadavre de son fils pour le ramener à la maison, Mouloud le paysan berbère tente au village d'aider sa femme à sortir de la douleur en peignant la maison en jaune, en achetant un chien, en installant l'électricité et la télévision. " Je voulais filmer l'amour qui peut exister entre un homme et une femme, un amour d'une grande pudeur. La vie est douloureuse, mais dans ce deuil, on trouve de l'humanité, de la compréhension, de la tolérance " confiait Amor Hakkar à Locarno.