Le FLN appelle à la dépénalisation de l'acte de gestion bancaire. Les raisons seraient liées, selon le SG de ce parti, aux "surliquidités bancaires", gelées par "peur" et privant ainsi les entreprises en Algérie de cette bouffée d'oxygène. Le même avis est, d'ailleurs, partagé par des experts et le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), M. Abderrahmane Benkhalfa qui recommandent "la suppression de la législation en vigueur qui consacre une gestion bancaire par les effets d'injonction". Les participants plaident, d'ailleurs, "pour la même réforme en soutenant que trop de contrôle, trop de pénalisation tuent l'initiative et la prise de risque au sein des banques". M. Belkhadem, dont le parti a organisé, samedi, le forum sur les "réformes fiscales et bancaires", a été le premier à appeler à la dépénalisation de l'acte de gestion bancaire afin de libérer l'initiative d'octroi des crédits à l'investissement, déclarant qu'"il faut libérer l'initiative bancaire en dépénalisant l'acte de gestion car la responsabilité pénale à laquelle sont soumis les gestionnaires des banques les empêche de prendre l'initiative pour l'octroi de crédits" même si comme le déclare le SG du vieux parti unique en usant d'un ton ironique, "on n'a jamais jeté en prison un directeur général d'une banque qui n'a pas donné de crédits", en déplorant la "peur" qui caractérise la prise de décision en la matière, faisant perdre à l'économie un énorme potentiel de financements, Belkhadem semble avoir oublié, par contre, qu'on a déjà jeté des directeurs de banques pour avoir justement accordé des crédits bancaires à l'exemple de la Badr, de la BNA et de la BDL. Cependant, pourquoi limiter le débat aux seuls gestionnaires de banques, alors que le même risque est encouru par tous les autres gestionnaires dont plusieurs ont été mis en prison pour "mauvaise gestion" ou sous autres motifs tels que "la dilapidation de deniers publics". Pourquoi donc juste le secteur bancaire à dépénaliser ? Auparavant et s'exprimant à travers nos colonnes, le Dr en droit, Liès Hamidi, directeur de l'Institut de développement de l'entreprise et de gestion, avait soutenu que "le gestionnaire n'est pas assez protégé déjà par le fait que l'acte de gestion est pénal" et qu'"il faut d'abord commencer par dépénaliser les actes normaux de gestion afin de protéger le manager". Une situation qui fait "peur aux différents gestionnaires appelés à assumer la responsabilité de la gestion d'une entreprise". Le Dr Hamidi considère que "c'est une menace omniprésente", et met en cause, entre autres, le nouveau code des marchés qui paralyserait "les entreprises", et d'affirmer que "c'est l'institutionnel qui doit y être soumis, l'Etat et ses démembrements mais pas l'entreprise publique qui obéit aux règles de la commercialité en tant que personne morale de droit privé". Mais, cela est un autre débat où M. Belkhadem ne semble pas trop abonder, se limitant à peine au cas des banquiers. D'ailleurs, cet ex-chef du gouvernement et, décideur des politiques passées dont celles du système bancaire, n'omettra pas de jeter un pavé dans la mare en rappelant qu'alors que les "surliquidités bancaires" seraient, selon la Banque d'Algérie, de l'ordre "de 1 200 milliards de dinars", "les crédits bancaires à l'économie, évalués à 3 200 milliards de dinars, ne représentent que 20% des besoins financiers des entreprises en Algérie, un paradoxe", soulignant que "la libération de l'initiative bancaire n'empêchait pas la mise en place de mécanismes de contrôle et de prudence du système financier".