L'Agence internationale de l'énergie a indiqué dans son rapport mensuel avoir légèrement relevé sa prévision de croissance de la demande en brut pour 2011, de 50.000 bpj, à 1,46 million de bpj. Si cette croissance représente près de la moitié seulement de celle enregistrée en 2010, la demande mondiale dépassera toutefois les 90 millions de bpj fin 2011, ce qui ne s'était jamais produit. L'AIE précise que l'offre en provenance de pays non membres de l'Opep est restée inchangée par rapport à décembre, notamment en raison de difficultés techniques qui ont continué de perturber la production. Elle a indiqué que les stocks de pétrole de l'OCDE avaient baissé à un plus bas de deux ans à 57,5 jours de réserves en décembre, contre 58,3 en novembre, mais que ce niveau restait confortable. Les tensions entre l'AIE et l'Opep se sont accrues ces derniers mois du fait des inquiétudes des pays occidentaux de voir les prix du pétrole alimenter l'inflation, ce qui les forceraient à relever leur taux d'intérêt, fragilisant du même coup la reprise économique. Elles sont depuis apaisées et l'AIE a déclaré qu'il n'y avait pas d'urgence d'augmenterla production malgré les prix dépassant les 100 dollars le baril, le niveau des stocks mondiaux et les capacités non utilisées de l'Opep servant de garanties. Selon l'AIE la hausse de la production de l'Opep et le niveau confortable des réserves de brut dans les pays développés devrait contenir la tendance haussière des cours du brut malgré l'augmentation de la demande qui atteindra des niveaux record en 2011, estime. Selon l'AIE, qui conseille 28 pays industrialisés pour leur politique énergétique, l'Opep a augmenté sa production de 280.000 barils par jour (bpj) en janvier par rapport à décembre, à 29,85 millions de bpj, soit son plus haut niveau depuis deux ans. L'Opep estime que la demande mondiale de pétrole progressera cette année de 1,40 million de bpj, soit 170.000 bpj de plus que prévu initialement. Elle a toutefois prévenu que les cours du pétrole pourraient jouer sur le niveau de la demande. "Si les prix restent élevés, cela conduira à une baisse de l'utilisation des carburants pour le transport", indique l'Opep. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole dispose encore de capacités de production inutilisées de quatre à six millions de bpj et constitue la seule source de pétrole supplémentaire pour le monde si la demande dépasse encore les attentes cette année après la demande importante de 2010. "Il y a un peu plus de production de la part de l'Opep car ils perçoivent les mêmes indications que nous sur le front de la demande, en particulier en Asie. La souplesse de l'attitude de l'Opep est une bonne chose", explique David Fyfe chef de la division Industrie et marchés pétroliers de l'AIE dans un entretien accordé jeudi à Reuters Insider. "Les prix ont grimpé d'environ 75 dollars en septembre à 95 dollars et au delà en raison d'un rétrécissement du marché physique", poursuit-il.Les prix du pétrole progressaient hier en cours d'échanges européens. Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'est le dernier jour de cotation, s'échangeait à 101,35 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, grimpant de 48 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait 20 cents à 86,93 dollars, après avoir terminé stable la veille. Les cours du baril "sont soutenus par l'attitude de Hosni Moubarak face au mouvement de contestation populaire", relevait Filip Petersson, analyste de la banque SEB. L'Egypte contrôle deux routes stratégiques pour l'acheminement du pétrole des pays du Golfe: le canal de Suez et l'oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed). Mais au-delà de l'Egypte, l'inquiétude est que les tensions s'étendent à d'autres producteurs clefs du Moyen-Orient, soulignaient les analystes de Commerzbank. La différence entre le WTI échangé à New York et le Brent coté à Londres, qui avait atteint jeudi un écart historique de 16 dollars, se réduisait quelque peu vendredi mais restait supérieur à 14 dollars, le marché new-yorkais pâtissant notamment de l'abondance des stocks de Cushing (Oklahoma, sud des Etats-Unis), principal centre de stockage du pays.