Le président du Forum des chefs d'entreprise n'est pas allé par le dos de la cuillère pour critiquer la politique économique du gouvernement. Reda Hamiani, invité de la Chaîne III de la Radio algérienne, est revenu sur la disposition de la lettre de crédit qui avait déjà suscité déjà un tollé au sein du patronat en 2009. Et malgré l'assouplissement décidé par le gouvernement, la mesure reste, selon le président du FCE, plus que contraignante pour le climat des affaires en Algérie. Une disposition qui n'a pas donné les résultats escomptés. "L'objectif affiché par le gouvernement en instaurant le Credoc à savoir réduire les importations n'a pas été atteint", a-t-il déclaré. Le constat de Reda Hamiani ne s'arrête pas à ce stade et souligne aussi que la lettre de crédit a "favorisé les fournisseurs au détriment des producteurs ; nous déplorons sa mise en place sans distinction entre les importateurs et les producteurs". En résumé, poursuit-il, le Credoc est une des mesures "handicapantes pour l'économie nationale". Le président de la plus grande association de patrons en Algérie a par ailleurs décortiqué le climat des affaires en Algérie estimant d'abord que "l'Algérie souffre de sa vision macroéconomique ". Pour lui, il n'y a pas de remède miracle pour sortir de la dépendance des hydrocarbures. Il s'agit, explique Reda Hamiani, de mettre en place des politiques incitatives pour diversifier l'économie et arriver à réaliser un taux de croissance hors hydrocarbures de 6% à 7% pour espérer résorber le chômage. Mais le plus important, selon lui, est d'investir en dehors de l'agroalimentaire qui accapare la part du lion vu que les besoins de notre pays en denrées alimentaires sont importés à hauteur de 75%, ce qui explique cet engouement pour ce segment d'activité. Reda Hamiani estime ainsi nécessaire d'avoir une "administration économique au service des PME". Pour l'heure, "ce n'est pas le cas", déplore-t-il, et le président du FCE d'énumérer quelques obstacles qui freinent le développement de l'industrie en Algérie. A commencer par l'accès au foncier qui est régit selon des règles très rigoureuses qui rendent difficile l'acquisition d'assiettes foncières. " Nous ne comprenons pas pourquoi on applique les mêmes mesures au niveau des grandes villes comme Alger et Oran et les autres zones où la demande est moindre, ajouter à cela la concession et la vente aux enchères qui rendent encore l'accès au foncier plus délicat ". Le président du FCE qui a salué la décision du gouvernement de procéder à une mise à niveau des entreprises, s'interroge néanmoins sur le retard dans l'application en affirmant que "depuis juillet, date de l'annonce de la décision, rien n'a été fait". Le tout est couronné par des difficultés financières. Reda Hamiani pointe du doigt les banques qui restent frileuses à accompagner les investisseurs au motif du principe du risque. "Il y a des mesures sur papier que ce soit pour le foncier ou l'accès au financement mais elles tardent à se concrétiser", regrette-t-il. Autre lacune relevée par le président du FCE qui est liée à la disposition imposée aux investisseurs étrangers obligés à s'associer avec des nationaux à hauteur de 49% du capital. Pour lui, il faut tout simplement inverser le taux de participation et donner la majorité aux étrangers si on veut réellement attirer les capitaux étrangers, d'autant que "notre région n'est pas avantagée en matière d'investissement". Reda Hamiani invite le gouvernement à définir les secteurs stratégiques que ce soit les banques, les hydrocarbures ou l'électricité où la participation des étrangers doit effectivement être inférieure aux nationaux.