La Fédération nationale agroalimentaire, affiliée à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), a revendiqué, jeudi par la voix de M. Abdelwahab Ziani, l'application urgente des mesures annoncées par le gouvernement pour soutenir les producteurs de lait. Au début du mois d'avril dernier, le ministre des Finances avait, pour rappel, annoncé que le groupe public Giplait sera chargé d'importer la poudre de lait et de la rétrocéder aux transformateurs privés à un prix subventionné, à condition que cette matière première soit utilisée dans la production de lait, à l'exclusion des produits dérivés, et que les industriels du lait doivent s'en tenir au prix de 25 dinars le sachet d'un litre. M. Ziani souligne qu'en raison d'un répondant au niveau du gouvernement, "nous sommes aujourd'hui en phase de rompre l'approvisionnement du marché national en lait. Les producteurs ont décidé de débrayer parce que les mesures qui devaient être prises tardent à l'être". Il indique par contre que les producteurs peuvent être encore présents sur le marché en achetant la poudre de lait à un prix élevé, mais "il faudrait que les mesures arrivent très vite". Il ajoute, qu'aujourd'hui les producteurs, suite à beaucoup de pertes financières qu'ils subissent depuis plus d'un mois, ont décidé d'arrêter de produire le lait en sachet et ce, en raison du fait que le ministère du Commerce n'a pas tenu ses engagements. Il indiquera que le 8 avril dernier sa fédération a discuté avec le ministère du Commerce. "Les mesures qui devaient intervenir sont à caractères financiers pour compenser la différence du prix par rapport au prix administré du lait". Le représentant de la Cipa précisera qu'il s'agissait surtout de définir les modalités de paiement des producteurs de lait. "Ces opérations devraient se faire sur la présentation de la déclaration fiscale faite ponctuellement par les producteurs, et l'Etat interviendrait pour payer la différence". Il s'est dit dans l'incapacité de donner un chiffre sur les pertes enregistrées par les transformateurs de lait, car " nous avons travaillé avec le ministère du Commerce sur le prix de revient et sur le prix administré ". Le prix administré est de 25 dinars (exactement 23,75 dinars à la sortie d'usine). M. Ziani révèle que les producteurs revendiquent aujourd'hui un prix de 44 dinars. "Nous avons décidé de mettre une cellule de veille pour suivre le marché mondial du lait. A la date du 8 avril, le prix du lait était à environ 4 200 dollars la tonne, il est passé aujourd'hui à 4 800 dollars la tonne". De son point de vue et au regard de cette hausse des prix, la cellule de veille devrait revoir le prix de la poudre de lait. Ainsi, poursuit-il, "si le prix bouge de 4 200 à 4 800 dollars la tonne, automatiquement le prix qu'on avait fixé à 44 dinars serait aujourd'hui de 55 dinars". M. Ziani note que quelques entreprises ont acheté de la poudre de lait au prix fort. "Elles se sont engagées à produire parce que l'Etat s'est engagé à payer". Cependant, et selon M. Ziani depuis un mois, les producteurs "attendent toujours. Ils n'ont rien vu arriver". M. Ziani indique, par ailleurs, que les producteurs sont quotidiennement en contact avec les parties qui sont en charge de ce dossier. "Tous les jours on nous dit que nous sommes en attente d'une décision". M. Ziani soutient que sa Fédération a confiance dans les engagements du chef du gouvernement et du ministre du Commerce, mais insiste-t-il à dire "les industriels ont acheté au prix fort et aujourd'hui les stocks sont arrivés à la rupture". Il expliquera que l'achat de la poudre de lait ne se fait pas quotidiennement, les privés achètent pratiquement tous les trois mois. Il y a, d'après lui, des programmes de livraison qui s'étalent sur une année. A ce sujet, il indique que tous les acheteurs qui ont établi des programmes pour l'acquisition de poudre de lait pour livraison en 2007, se sont basés sur des prix calculés au-delà du prix administré. Pour lui, il y a aujourd'hui, une crainte parmi les patrons de cette filière de ne pouvoir même pas payer leurs fournisseurs parce qu'ils ont travaillé à perte durant trois mois, regrettant que les pouvoirs publics n'arrivent pas à mettre les mécanismes pour soulager ces entreprises. Evoquant le retard pris par Giplait dans l'importation de la poudre de lait, malgré le fait que l'Etat ait dégagé une enveloppe de plus de 10 milliards de dinars, M. Ziani estime que la procédure d'appel d'offres prendra énormément de temps à tel point que la poudre n'arrivera qu'au mois de juin. Selon les informations en sa possession, la commande de Giplait de lait en poudre devrait arriver à la mi-juin. Il s'agit d'une quantité de 18 000 tonnes. Il précisera néanmoins que "cette quantité ne suffira. Elle permettra uniquement soulager le déficit et compléter un peu les stocks existants sur le marché". Selon lui, ces 18 000 tonnes de poudre en lait vont pouvoir tenir juste un mois de production. M. Ziani met l'accent sur la nécessité d'installer un programme d'importation qui doit être régulier entre le secteur public et privé. En attendant le dénouement de cette crise qui affecte une fois de plus le consommateur, Giplait est toujours responsable de l'importation de la poudre de lait jusqu'au mois de septembre prochain et ce, en attendant la mise en place de l'Office national du lait (ONL) dont la mission est de prendre en charge la régulation de ce marché en important de la poudre de lait qui sera revendue aux transformateurs. L'Algérie importe annuellement en moyenne pour 600 millions de dollars de poudre de lait pour combler le déficit de la production, estimée à environ 1 milliard de litres/an.