La pénurie est sciemment entretenue par les transformateurs privés qui ne font pas montre de responsabilité citoyenne. Les producteurs de lait privés ont décidé samedi de poursuivre leur mouvement d'arrêt de la production de lait pasteurisé, entamé jeudi, et de fixer un délai de dix jours aux pouvoirs publics pour qu'ils mettent en place les mécanismes d'octroi de la subvention promise. L'absence de lait en sachet chez nombre de distributeurs algérois a provoqué une certaine anarchie plus ou moins «entretenue» par les clients qui achètent le double, voire le triple et plus que leurs besoins, en procédant à la congélation de ce produit privant ainsi d'autres consommateurs de lait. La pénurie est «sciemment» entretenue aussi par les transformateurs privés de poudre de lait qui ne font pas montre de responsabilité, en attendant le déblocage des subventions promises officiellement. Celles-ci, énoncées par le premier responsable des Finances, Mourad Medelci, au nom du gouvernement, prennent en effet un regrettable retard dans l'application. En se retirant du marché, les 78 producteurs privés, ou plutôt les transformateurs de poudre de lait importée, font craindre un renouement avec les situations de pénuries et de crises économiques des années 80. Le secteur public, représenté par «Colaital» de Birkhadem (Alger), ne peut répondre aux besoins quotidiens du citoyen. Son directeur général, M.A.Chahed, a affirmé que son entreprise, soumise à une «pression énorme» ces derniers jours, produit 200.000 litres/jour, quantité bien en deçà de la demande. Aussi, a-t-il été décidé d' augmenter la production de 10% sans pour autant couvrir la totalité des besoins. Pour parer à l'urgence, Giplait, a été chargé de l'importation de la poudre de lait et de sa distribution aux transformateurs à un prix subventionné, lequel fera l'objet d'un montage financier entre ce groupe public et les transformateurs privés. Cette mesure, préférée à la libéralisation des prix proposée, devra mettre un terme à la crise dès le mois de juin, dans l'attente de l'installation en septembre de l'Office interprofessionnel du lait qui se chargera de la régulation du marché. Pour rappel, 10,5 milliards de DA ont été débloqués au profit de Giplait qui accède à un crédit Badr sous garantie du Trésor. Les opérateurs privés de lait en sachet pasteurisé, affiliés à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), ont tenu samedi une assemblée générale en présence des représentants du ministère du Commerce. Ils exigent un écrit officiel mentionnant la période couverte par la compensation et son niveau par litre de lait produit. Malgré la sévère régulation des prix des produits laitiers industriels, le coût élevé du lait sur le marché international a fait que celui de la production est passé à 41,50DA, bien au-delà des 23,35DA le litre facturé, que le détaillant paie à 24,10DA pour le céder à 25, soit un gain de 0,90 dinar. Le ministre de l'Industrie, M.Mahmoud Khedri, a précisé que le gouvernement avait accordé une subvention initiale de 6 milliards/DA pour stimuler le secteur et que Giplait importerait exceptionnellement 20.000 tonnes de poudre de lait «afin d'endiguer la crise» indiquant qu'«un appel d'offres international a été lancé pour l'importation de la poudre de lait afin de venir en aide aux privés, au même titre que le secteur public». Pour sa part, Abdelwahab Ziani, président de la fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, filière lait de la Cipa, avait déploré la non-venue de «la subvention promise, alors que le 8 avril dernier, le gouvernement s'est avancé pour mettre les mécanismes en place dans les huit jours, mais à ce jour, rien n'a été fait». Les producteurs ont continué à produire «à perte».