Difficile de se retrouver dans les "Noubas" qu'elle signe à une vitesse astronomique. Elle a juré de retransmettre le legs lyrique andalou depuis 1995 et elle n'a pas cessé de s'y attaquer. Beihdja Rahal, la prolifique était à peine connue dans les années 90. Depuis son entreprise passionné d'inscrire les noubas sur disque au risque de les voir s'envoler comme c'est le cas pour une dizaine qu'on retrouve plus, Beihdja Rahal ne s'arête plus. Elle vient de signer " Nouba dil " un 20eme opus enregistré depuis la première série des douze modes entamée en 1995, Beihdja Rahal propose des pièces qu'elle chante pour la première fois dans ce mode, a-t-elle fait savoir. L'album est entamé par un Inqilab Ya badr fï oufqi as-sama suivi d'un M'saddar Tahya bi-koum (ode de Sidi Boumediene), un Btayhi Malak inani, un Istikhbar Kalam houb (poème soufi) puis un Derdj Kadha houa al-massa. La nouba se poursuit avec trois Insiraf Houbbou al-hissan, Afnani dha l'houbbou raghma et Him fi hal et se termine par un khlas Laqaytouha fi tawafi. L'arrtiste qui réfute bizarrement que la musqiue andalouse n'est pas une musique élitiste a donné il y a une dizaine de jours un concert à la salle El-Mouggar où elle a interprété en première partie, sa nouvelle Nouba dans le mode Dil, tandis qu'elle a gratifié le public pendant la deuxième partie d'un programme aâroubi et hawzi, deux styles dérivés de l'andalou. Le nouvel opus qui se présente sous forme de CD est accompagné d'un livret des poèmes chantés par Beihdja Rahal, traduits en français par les soins de Saâdane Benbabaâli et d'un extrait du portrait de l'artiste, écrit par l'ancien ministre Kamel Bouchama. Un artiste qui protège un patrimoine Beihdja Rahal s'est attelée depuis 1995 à sauvegarder le patrimoine musical andalou en enregistrant nouba sur nouba, du moins celles qui restent encore dans les mémoires de grands interprètes connus pour détenir l'authenticité du rythme de ce genre musical. Ce travail entamé sous l'œil vigilant du maître, Ahmed Serri, n'est pas encore à son bout. La première nouba qu'elle a ainsi sauvée de l'oubli, elle l'a enregistrée en 1995, dans le mode Zidane. Il y a quatre ans, Beihdja Rahal avait présenté un album dans le mode Raml. Ce dernier qui entre dans le cadre de l'enregistrement des 12 noubate restantes -il y en avait 24 au départ-, fait partie de sa deuxième série de nouba. A l'origine, il existait 24 noubate, chacune composée dans un mode défini. Il n'en reste actuellement plus que 11 au Maroc, 16 en Algérie (dont 4 inachevées) et 13 en Tunisie. Chaque nouba correspondait à une heure de la journée et se divisait en une suite de plusieurs pièces de rythmique différente. En général, les mouvements de la nouba s'enchaînent en accélérant progressivement le tempo, jusqu'à la dernière pièce, plus lente, destinée à l'apaisement. La nouba sur le mode Raml que Beihdja Rahal avait enregistrée comporte huit titres, dont un istikhbar Zidane tiré de la poésie d'Ibn Zeydoun et un betaïhi Raml inédit. L'artiste a d'ores et déjà achevé sa première série de 12 noubate, sauf qu'après, viendront des noubas dans les modes Mezmoum, Rasd et Zidane de la deuxième série de noubate entamée en 2005. L'interprète a toujours regretté la mauvaise distribution de ces albums surtout à l'intérieur du pays. Selon elle, de nombreux fans lui ont adressé des messages l'informant de la difficulté ou parfois de la non- disponibilité de ses produits chez les disquaires locaux. " La distribution est mal faite, elle devrait être nationale et pas seulement dans la capitale. Le public se trouve dans tous les coins du pays et cette musique doit être proche du peuple ", avait-elle soutenu, ajoutant que ce n'était pas de son ressort de " trouver des solutions pour cela, moi je ne suis qu'une artiste-interprète, mon rôle principal consiste en la contribution à la sauvegarde de ce patrimoine musical avec tout ce qu'il comporte comme textes, musiques et modes, et le promouvoir afin que le grand public s'intéresse à cet art ". Beihdja Rahal qui était une parfaite inconnue du public au début des années 90 est devenue, moins d'une décennie plus tard, une véritable vedette de ce genre classé chez nous, " musique andalouse classique. " Depuis, à chaque concert, l'interprète qui vit entre Paris et El Biar (Alger) fait le plein. D'ailleurs, la chanteuse a été classée, selon un sondage, 4e meilleure vente de disques en Algérie, derrière cheba Djenet, Bilal et un autre chanteur de raï, toutes musiques confondues. Beihdja s'était réjouie en disant qu' "être classée juste après le raï, c'est qu'on a gagné quelque part”. selon elle la nouveauté de sa " Nouba Dil " réside dans l'interprétation des poèmes chantés, une interprétation entière et très personnelle pour cette chanteuse qui pratique le genre andalou avec une passion pour la nouba qu'elle aime par-dessus tout en respectant les règles mélodiques et instrumentales du patrimoine de la Sanâa même si lui arrive sur scène d'interpréter le genre arrubi qui est lui aussi un patrimoine de l'école d'Alger qu'il faut pouvoir sauvegarder à l'instar du medh où elle excelle aussi. "La carrière d'un artiste est sur scène et dans les studios " a-t-elle affirmé en ajoutant qu'en France, elle a beaucoup appris professionnellement parlant.