Au moins treize personnes ont été tuées, hier dans des affrontements à Zaouïah, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, rapporte la chaîne de télévision Al Arabia qui cite une source médicale. Un autre témoin cité par la chaîne Al Jazeera a parlé, lui, de plus de 50 tués et de 300 blessés. Selon Al Jazeera, Hassan Warbok, le chef de l'insurrection anti-Kadhafi dans la ville, figure parmi les morts. Abdallah al Mahdi, porte-parole du conseil militaire de l'insurrection libyenne, avait auparavant déclaré à Al Jazeera que de violents combats avaient lieu à Zaouïah. Kadhafi continue ses frappes aériennes sur les villes stratégiques de Brega et Ajdabiya, à l'Est. Selon la Ligue libyenne des droits de l'Homme, la répression a déjà fait 6 000 morts. Plus de 10 000 étrangers ont déjà quitté le pays. Washington examine "toutes ses options" et l'Otan se prépare "à toute éventualité". L'opposition refuse la médiation de Chavez et de négocier avec Kadhafi. Des affrontements ont éclaté hier entre les forces de Mouammar Kadhafi et des insurgés libyens à la périphérie du port pétrolier stratégique de Ras Lanouf, à quelque 600 km à l'Est de Tripoli, ont déclaré des rebelles à Reuters. "Des accrochages ont commencé. Nous sommes à l'extérieur de Ras Lanouf, à environ 10 km. Il y a en ce moment des tirs à l'arme lourde. L'infanterie arrivera plus tard", a dit Bachir Puarchafani, volontaire intégré à une force insurrectionnelle en marche pour chasser Kadhafi du pouvoir. "Oui, il y a des accrochages. Nos roquettes et missiles prennent pour cible une base militaire qui protège le terminal pétrolier de Ras Lanouf. Ça se passe hors de Ras Lanouf", a dit Adel Yahya, autre insurgé armé. Un journaliste de Reuters arrivé à 20 km de la ville a entendu des tirs d'artillerie et des explosions. Dans la ville orientale d'Al Baïda, le chef du Conseil national libyen créé par les rebelles lançait au même moment à une foule en liesse: "Nous sommes le peuple en lutte, ne vous rendez pas. La victoire ou la mort. Nous ne cesserons qu'après avoir libéré tout ce pays (...) Le temps de l'hypocrisie est terminé." "Il peut y avoir des membres de l'ancien régime parmi nous. Votre ennemi peut encore infiltrer ses hommes parmi vous. Ne les (...) laissez pas anéantir notre révolution", a ajouté Moustafa Abdeldjeïl, ex-ministre de la Justice. A Reuters qui l'interrogeait sur la prochaine initiative du conseil, Abdeldjeïl a répondu : "Nous allons adresser un message à l'Occident et à tous les peuples, en leur disant que ce pays va devenir démocratique." Comme on lui demandait ce qu'il attendait de la communauté internationale, il a dit: "Contribuer à protéger le peuple libyen des attaques de Kadhafi et à mettre fin à celles-ci. "Le drapeau rouge-noir-vert adopté par les insurgés flottait sur des bâtiments d'Al Baïda. Des hommes armés étaient postés sur les toits et à proximité de la foule. Un peu plus tôt, des rebelles pleins de défi s'étaient juré de marcher jusqu'à la capitale". "Nous allons tout prendre, Ras Lanouf, Tripoli", a affirmé à Reuters un transfuge de l'armée, Magdi Mohammed, à un poste de contrôle des rebelles en marche vers Ras Lanouf. Une avant-garde d'une vingtaine d'hommes armés de kalachnikovs et de lance-roquettes précédait le reste de la force qui entend prendre le port pétrolier, vers lequel ont été repoussés cette semaine des combattants fidèles à Kadhafi. Des unités rebelles cheminaient dans le désert à l'écart de la route côtière, leur commandant les ayant averties qu'il était dangereux de rester sur cet axe stratégique. "Nous nous sommes déployés dans le désert parce que ce chien de Kadhafi a des véhicules tout-terrain et des avions de combat. Il leur est plus difficile de nous voir dans le désert", dit Adel al Imami, ancien officier des brigades de Kadhafi aujourd'hui intégré à la "Brigade des martyrs du 17 février". De jeunes hommes tiraient des coups de feu en l'air et tournaient en rond à bord de 4x4 sans toit sur lesquels étaient peints des slogans ou le mot "ARMEE". On observait des problèmes de discipline entre ces jeunes volontaires et le transfuge de l'armée qui les commandait. "Eloignez-vous tous (de la route) ! Je vous ai dit de vous éloigner", criait cet ancien militaire professionnel du nom de Bachir Abdul Gadr aux volontaires, dont l'un avait moins de 20 ans et avait pour toute arme un couteau. Les jeunes insistaient pour que d'autres viennent renforcer leur avant-poste afin de pouvoir progresser vers Ras Lanouf. "Son problème, c'est notre enthousiasme. Il nous demande d'attendre, il dit que nous serons balayés par les forces de Kadhafi si nous avançons", a dit l'un d'eux, Mouradja Osman, armé d'un fusil et coiffé d'un keffieh. "Mais nous, les jeunes, on veut continuer et on veut que d'autres viennent avec nous." Il était difficile de savoir à quelle distance évoluaient derrière eux les chars et les blindés qu'un correspondant de Reuters avait vus précédemment plus à l'Est. Vendredi matin, un avion de l'armée libyenne a bombardé les abords d'une base militaire où sont entreposées de grandes quantités de munitions dans la ville orientale d'Ajdabiah, mais sans la toucher, ont rapporté des combattants de l'opposition.