Les rues d'Alger et d'autres villes du pays grondent de colère et de revendications. Des grèves, des marches de protestations, des rassemblements et des sit-in devant les édifices publics, s'organisent et se multiplient, sans cesse au fin des jours. L'augmentation de salaires, primes, indemnités, emploi et logement, ce sont les principales revendications des différents mouvements sociaux qui se multiplient depuis quelques semaines à travers tout le pays. L'Algérie est ainsi confrontée, à un vaste mouvement de multiples revendications sociales dont le gouvernement tente d'apporter des solutions possibles. Après les paramédicaux, puis les greffiers de justice qui ont obtenu une augmentation de salaire de 110 %, c'était au tour des médecins résidents, des travailleurs du secteur pétrolier et ceux des chemins de fer de se lancer dans l'action revendicative. La grève des travailleurs de Sonatrach et celle des chemins de fer sont d'autant plus inquiétantes pour le gouvernement qu'elles se déroulent sur fond de contestation de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qui se trouve de plus en plus débordée par sa base. Les trois secteurs les plus sensibles en termes de mobilisation et résistance sont sans doute les étudiants, les chômeurs et les gardes communaux qui ont, chacun de leur côté, la capacité de porter la contestation dans les rues de la Capitale. Et leurs revendications sont inscrites, selon les déclarations des porte-paroles, dans la durée. Faut-il souligner dans ce sens cette marche de 5 000 gardes communaux dans les rues d'Alger. Une marche qui s'est déroulée en dépit de l'interdiction formelle de manifester dans la Capitale. Les greffiers et les corps communs de la justice emboîtent le pas et organisent des sit-in pour exiger la hausse des indemnités et le changement de statuts. Les étudiants ont également investi la rue à plusieurs reprises devant le ministère de l'Enseignement supérieur en dépit d'une pression des services de sécurité publique. Quant aux chômeurs, ils se sont donné rendez-vous le 20 mars prochain à la place des Martyrs. Interpellé de toutes parts, le gouvernement négocie et cède dans nombre de cas. Ce qui encourage toutes les autres catégories sociales dont le pouvoir d'achat s'est considérablement érodé ces dernières années à faire de même en présentant publiquement leurs revendications. Le gouvernement fait en même temps très attention pour éviter tout dérapage dans la répression de la contestation sociale. Les premières contestations sociales dénonçant l'augmentation des prix de sucre et de l'huile ont failli mettre le feu aux poudres, le 5 janvier dernier, à Bab-El-Oued (Alger) pris d'assaut par des jeunes en furie. Et les émeutes avaient mis en branle un mouvement de protestations qui s'est étendu, à la ville d'Oran et d'Annaba. Mais le gouvernement qui est intervenu "énergiquement" a freiné la montée de ces jeunes qui sont surtout à la recherche d'un travail décent, en mettant la main à la poche. La mise en œuvre des nouvelles décisions prises récemment par le Conseil des ministres qui ciblent la promotion de l'emploi des jeunes par de multiples dispositifs s'inscrit aussi dans cette nouvelle démarche de l'Etat, de prise en charge des revendications de jeunes. Et les institutions en charge sont à pied d'œuvre et inlassablement en offrant notamment des microcrédits et la création de l'emploi. Jusqu'où peut aller le gouvernement pour répondre aux revendications sociales qui sont nombreuses et légitimes dans la plupart des cas?