M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a exprimé à un journal français son "inquiétude" sur la situation qui prévaut en Libye et a évoqué la "menace terroriste" qui pèserait sur ce pays. "Bien sûr nous sommes très inquiets à propos de la Libye. C'est maintenant le troisième pays qui fait que la zone est en ébullition", a-t-il dit dans un entretien au journal Le Monde dans son édition de samedi. "Nous sommes très inquiets parce qu'il y a une opposition armée entre une partie de la population et une autre et parce que l'usage des armes est devenu incontournable", a-t-il ajouté, relevant que le "Guide libyen le dit lui-même, il y a une menace terroriste". "Nous qui l'avons vécue nous ne pouvons pas courir le risque de la voir réapparaître de l'autre côté de la frontière", a souligné M. Medelci. "On sait qu'il y a des terroristes dans le Sahel, il y a risque aujourd'hui qu'il se développe en Libye", a-t-il mis en garde, estimant que "si on trouve des armes et de l'argent, c'est un terreau. Nous ne pouvons pas gérer le terrorisme une fois qu'il frappe à notre porte. Nous sommes tenus, vous comme nous, de prendre des mesures à caractère préventif. Il faut arrêter le plus rapidement cette situation de violence", a averti M. Medelci. Sur l'hypothèse d'une "ingérence" de l'Algérie, il a déclaré que l'Algérie est contre. "Nous sommes contre une intervention étrangère mais nous ne sommes pas seuls et je peux comprendre que les messages de la communauté internationale deviennent de plus en plus fermes", a-t-il dit. A une question sur l'intervention étrangère, il a déclaré que l'Algérie y est contre "nous sommes contre une intervention étrangère mais nous ne sommes pas seuls et je peux comprendre que les messages de la communauté internationale deviennent de plus en plus". "Si la situation devait durer, on sait très bien qu'à un moment ou un autre le Conseil de sécurité prendrait des décisions", a-t-il poursuivi, suggérant de laisser au conseil "l'appréciation de la situation, mais espérons qu'il n'y aura pas d'intervention". "Le guide libyen est en train d'envoyer des messages partout. De l'opposition de Benghazi aussi", a-t-il rappelé, indiquant que "nous sommes en présence de deux camps, le climat est peut-être favorable pour tenter une médiation. Je ne sais pas si elle est possible. Vous connaissez les résultats des précédentes interventions étrangères n'est-ce pas ? Nous ne pouvons pas nourrir le terrorisme", a affirmé M. Medelci. Il a, par ailleurs, affirmé que l'Algérie est "très impressionnée par le mouvement populaire en Tunisie caractérisé par une sorte d'intransigeance qui a montré que les Tunisiens avaient accumulé une rancœur et des attentes inassouvies". Selon lui, le mouvement a atteint "une radicalisation et aujourd'hui la Tunisie a maintenant des institutions transitoires reconnues par tous et que cela nous fait espérer une nouvelle étape". Sur le discours du Roi marocain Mohamed VI, Medelci a relevé qu'"il nous a semblé apporter des éléments extrêmement importants sur le terrain politique marocain" mais relevant cependant que "par rapport aux mouvements tunisien et égyptien, les aspects qui nous séparent sont nombreux". L'Algérie, a-t-il dit "est un pays pluriel, aucun parti n'est capable de faire adopter une loi tout seul", ajoutant que cela fait quand même une grosse différence". Il a, en outre, rappelé que l'Algérie "a déjà fait sa mutation en 1988" mais cette révolution "a été masquée par le fait qu'ensuite nous avons vécu dix ans de tragédie nationale". "Depuis 2000 la réconciliation nationale, le mouvement réformateur a repris sur le plan social, économique et même culturel ", a souligné M. Medelci, ajoutant que la spécificité de l'Algérie "est qu'elle est maintenant en chantier et qu'en aucun cas, elle ne peut être considérée comme une maison fermée".