Les augmentations que connaissent les prix de la matière première pour le lait pasteurisé n'auraient pas provoqué une crise d'une aussi grande ampleur sur le marché national, si le sentiment alarmiste ne s'était pas emparé des consommateurs. Le constat a été fait par le directeur de l'unité du groupe public Giplait de Draâ Ben Khedda, dans la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, ce responsable a expliqué : "Dès que les producteurs privés ont brandi la menace de recours à la grève, les citoyens ont pris d'assaut les points de vente pour s'approvisionner en grandes quantités de lait, et c'est la raison pour laquelle il y a eu pénurie". "Autrement dit", ajoute le directeur de l'ex-Onalait, "Si la population s'était contentée des quantités habituelles, les pénuries n'auraient pas été ressenties". Evoquant le rythme de production de l'unité de Draâ Ben Khedda, le directeur a annoncé le chiffre de 320 000 litres de lait pasteurisé produits quotidiennement depuis le début de la crise sur le marché national. Auparavant, le volume de production de l'entreprise était de l'ordre de 220 000 à 240 000 litres journaliers. Le même responsable a précisé qu'avec ces nouvelles augmentations du volume de production, la demande au niveau de la région, comprenant les wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès, est entièrement satisfaite. Faisant le parallèle avec les autres régions du pays, le directeur de la filiale de Giplait a eu cette certitude que la demande nationale est en mesure d'être couverte par les producteurs publics de lait "même si les opérateurs privés suspendent leur activité". Pour mieux illustrer les enjeux de la grève enclenchée par les producteurs privés, ce directeur reconnaît que "ces derniers veulent tout simplement faire pression sur le gouvernement pour avoir gain de cause concernant leur revendication d'augmentation des prix du sachet de lait", tout en laissant entendre que "les privés ne sont pas tout à fait en rupture de stocks en matière première, sinon, comment expliquer qu'ils arrêtent la production, et au lendemain de l'annonce, des indemnisations par le gouvernement ils reprennent la production, d'où est ce qu'ils se sont approvisionnés ?" se demande-t-il, avant de conclure : "ils ont gardé leurs stocks pour les faire sortir au moment opportun". Pour ce qui est de l'approvisionnement des producteurs en poudre de lait, ce responsable d'une laiterie publique, se demande comment Giplait pourra-t-elle approvisionner les producteurs privés qui auront par la suite à utiliser cette matière première pour la production des produits dérivés. Pour mieux illustrer cette situation, le même responsable a rappelé que pendant la première période de la crise, "l'unité de Draâ Ben Khedda de Giplait a arrêté momentanément la production des produits dérivés, tels les camemberts, mais pendant ce temps là, les privés ont saisi l'opportunité pour doubler leur production". En tout cas, il est clair que la crise actuelle sur le marché du lait n'est qu'une manœuvre pour provoquer des augmentations des prix. Ceci se confirme lorsque l'on se rappelle la crise que le marché a connue en 2001, quand les producteurs privés ont arrêté la production pour ne reprendre l'activité qu'après la décision gouvernementale ayant revu à la hausse les prix de vente à 25 dinars le sachet.