Les ressources hydrocarbures auraient-elles décliné à un point critique ? A entendre les responsables du secteur évoquer avec insistance les efforts à déployer en matière d'exploration, de sérieux doutes surgissent quant aux capacités actuelles de production d'hydrocarbures à répondre à la demande toujours croissante, que ce soit au niveau interne qu'externe. Certains observateurs et analystes n'hésitent pas à avancer que l'Algérie a atteint le pic oil, à savoir le seuil critique après lequel la production de pétrole commence à décliner, ce qui a poussé, selon eux, les responsables du secteur à recentrer le débat, il y a quelques années, sur l'amélioration de nos capacités de production en gaz et d'éclipser les questions relatives au pétrole. Tendance qui persiste toujours jusqu'à aujourd'hui et qui a d'ailleurs été favorisée par l'émergence d'un débat au niveau mondial sur la possibilité de faire du gaz une alternative au pétrole. Or, la baisse brutale des cours du gaz en 2009, associée au déclin de nos exportations en gaz à hauteur de 11%, a une nouvelle fois poussé à une réorientation du débat sur la gestion du domaine minier national. De l'augmentation des capacités de l'Algérie en matière de production et de liquéfaction de gaz on insiste, aujourd'hui, sur les efforts à fournir en matière d'exploration et surtout l'émergence d'une nouvelle idée, l'exploitation des énergies non conventionnelles. Ayant émergé timidement au début de l'année 2010, l'idée commence à se frayer un chemin, et fait office, aujourd'hui, de carte joker pour le ministère de l'Energie et des Mines. Les Algériens sont d'ailleurs prêts à consentir de nombreux avantages pour le développement de ce segment en Algérie. Dans ce sens, le ministre de l'Energie et des Mines a indiqué , jeudi à Alger, en marge de la cérémonie d'attribution des blocs d'exploration d'hydrocarbures dans le cadre du 3e appel d'offres d'Alnaft, que le potentiel pour cette énergie "est extrêmement important", et son évaluation sera accentuée. Il ira même jusqu'à annoncer que son département ministériel étudie à ce propos avec les experts certaines dispositions particulières pour encourager la prospection et la production des hydrocarbures non conventionnels, qui seront soumises au gouvernement pour approbation. Le ministre a également précisé que la priorité du secteur est de renforcer les capacités nationales en matière de formation des experts et l'utilisation des nouvelles technologies, et à mobiliser les ressources financières nécessaires pour l'activité de l'exploration. Ainsi, Sonatrach a été chargé d'explorer les bassins les moins connus, situés au sud-ouest et au nord du pays, et dans l'Erg occidental. Il va sans dire que malgré le fait que les gaz et pétrole de schiste soient au cœur d'une polémique à propos des émanations radioactives induites par ces forages particuliers, l'Algérie est décidée à aller vers cette nouvelle technologie. Mais pourquoi tant d'insistance ? Les gaz de schiste on été développés aux Etats-Unis afin de faire face à la hausse de la consommation et au déclin des gisements de gaz. Ce n'est pas encore la même configuration en Algérie, mais ce genre de scénarios n'est pas à écarter. Ces derniers chiffres font état du recul des réserves exploitables, ce qui a induit une baisse des capacités de production algérienne de 5 à 6 milliards de m3. Cette situation a eu un impact sur les exportations, lesquelles ont baissé d'environ 11% en 2009 et ont atteint un volume de 54,5 milliards de m3, loin de l'objectif de 85 milliards de m3 pour 2012. Dans une récente analyse, le professeur Abderrahmane Mebtoul a mis en avant que les responsables du secteur veulent aller vers des exportations de 85 milliards de mètres cubes de gaz à l'horizon 2014/2016 avec une consommation en interne de 40 milliards de m3. Emettant l'hypothèse que l'Algérie puisse atteindre une production de 100 milliards de mètres cubes gazeux avec des prévisions d'exportation de 100 milliards de mètres cubes à l'horizon 2020 et dans une perspective dynamique de développement allant vers 60 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieure, selon les estimations du Creg, cela donnera un déficit de 60 milliards de mètres cubes gazeux, donc d'une découverte additionnelle, durant cette période, d'un volume plus élevé, soit plus de 70% de la production actuelle. Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde, l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE.