Lakshmi Mittal investit dans le pétrole. La crise est passée, et la conjoncture semble sourire une nouvelle fois au premier sidérurgiste mondial ArcelorMittal. Une conjoncture qui encourage ce géant à relancer ses investissements, même si ces derniers dépassent le cadre de ses activités traditionnelles. En fait, ArcelorMittal, qui domine désormais le marché de l'acier, souhaite se frotter aux majors pétrolières et prendre sa part du gâteau africain. Pour se faire, Lakshmi Mittal n'hésite pas à apporter son soutien financier à Ophir Energy, qui se prépare à une introduction en Bourse de Londres qui pourrait représenter deux milliards de dollars. Selon le tabloïd britannique Sunday Times, le pétrolier, qui exploite des gisements en Afrique, compte lever jusqu'à 500 millions de dollars en plaçant le quart des titres avant l'été, afin de développer de récentes découvertes. Ayant son siège à Londres, Ophir Energy gère ses opérations à partir d'Australie et possède des gisements en Guinée équatoriale, en Tanzanie et au Sénégal. Le sidérurgiste opère ainsi une diversification inattendue mais réfléchie. L'annonce intervient à un moment marqué par un regain de tensions sur les marchés pétroliers et l'annonce de perspectives prometteuses pour le secteur et pour les majors. Elle intervient, aussi, dans une situation favorable pour le groupe. L'industrie sidérurgique mondiale émerge de la crise l'ayant frappée en 2008 et 2009. La demande mondiale d'acier a atteint au troisième trimestre 2010 le chiffre annualisé de 1.4 milliard de tonnes (soit 6 % de plus que le niveau d'avant récession observé au second trimestre de 2008). La production s'est élevée à quelque 1 046 millions de tonnes au cours des neuf premiers mois de 2010, soit une hausse de près de 20 % par rapport à la même période de 2009. Aussi, le récent séisme au Japon et l'instabilité ayant marqué la région du Moyen-Orient a mis à rude épreuve la concurrence. Avant le séisme et le Tsunami qui ont frappé, il y a quelques jours, de plein fouet le pays du Soleil levant, les sidérurgistes nippons annonçaient un projet de fusion entre Nippon Steel et Sumitomo Metal Industries afin de créer le nouveau numéro deux du secteur, derrière ArcelorMittal. Néanmoins, ce projet risque d'être reporté vu que l'économie du Japon risque de souffrir du séisme destructeur, car les industries vont peiner à redémarrer. Aussi, la catastrophe nucléaire qui s'en est suivie à Fukushima jette un doute sur le risque de " tchernobilisation " de l'acier japonais. Convaincre l'opinion de l'évacuation des risques de radioactivité pesant sur les produits en provenance de l'archipel Nippon demandera du temps et un effort de longue haleine. Du côté de la sidérurgie égyptienne, celle-ci semble être mise à mal par l'instabilité politique qui marque le pays depuis quelques semaines. Tous ces facteurs laissent comprendre qu'ArcelorMittal bénéficie, aujourd'hui, d'une marge de manœuvre assez importante pour asseoir sa domination sur le marché. Cela lui laissera le champ libre pour relancer ses investissements dans la sidérurgie, son métier de base, mais aussi opérer une diversification vers les hydrocarbures. En Algérie, le sidérurgiste qui opère à partir du complexe d'El Hadjar , dans la wilaya d'Annaba, a déjà annoncé son intention de relancer ses investissements dans la zone industrielle de Bellara (Wilaya de Jijel). Il n'a pas non plus renoncé à l'exploitation du gisement de Gara Djebilet (Tindouf). Un gisement qui possède des réserves globales de plus de 3 milliards de tonnes de minerai de fer. Ce qui n'empêchera pas ArcelorMittal d'afficher un intérêt pour les hydrocarbures si la diversification se confirme et prend de l'ampleur. Il devra, cependant, faire avec la refonte de la loi minière et du cadre législatif algériens régissant le secteur de l'énergie et des hydrocarbures. Samira G.