Après les gouvernements des pays consommateurs et les firmes multinationales, grosses consommatrices de produits énergétiques, c'est au tour des institutions internationales de manifester leurs préoccupations quant à la tendance haussière qu'observent les cours du brut sur le marché depuis le début de l'année en cours. En effet, le fonds monétaire international reflète visiblement ces inquiétudes, et ce, malgré qu'il reste dans l'ensemlble optimiste dans ses prévisions sur la croissance de l'économie mondiale dont il continue à confirmer la reprise durant cette année 2011. En tout cas, certes, les risques de perturbations des approvisionnements pétroliers sont préoccupants, le chômage est élevé et devrait le rester un moment et les cours élevés de l'énergie et des matières premières posent de nouveaux problèmes. Mais le Fonds monétaire international ne se départ pas pour autant de la position relativement optimiste affichée dans son précédent rapport d'octobre 2010 et renouvelée dans " ses perspectives de l'économie mondiale " publiées hier. Pour le FMI, " les perspectives économiques pour 2011-2012 sont bonnes ", et " la crainte d'une double récession ne s'est pas concrétisée ". Résultat, l'institution de Washington table sur une croissance mondiale à 4,4% en 2011 et 2012, à des niveaux proches de ceux de l'année dernière (5%). Cette reprise reste cependant " déséquilibrée " : 2,4% pour les pays développés, 6,5% pour les pays émergents ou en développement. Les premiers souffrent toujours des dégâts liés à la crise mais aussi des excès antérieurs. Pour les seconds, la crise n'aurait " pas laissé de blessures durables " à la faveur d'" une situation budgétaire et financière solide ". En revanche, les pays émergents et en développement sont plus fragiles face aux cours élevés du pétrole et des denrées alimentaires, des produits qui représentent une part importante de la consommation. Cependant, le FMI dit ne pas attendre de " retombées majeures sur la croissance ".Le séisme au Japon n'inquiète guère plus le Fonds, qui attend des " retombées macroéconomiques limitées, bien que l'incertitude reste élevée ". Un mois après le tsunami, l'activité des entreprises japonaises reste très affectée. Les économistes envisagent un recul du PIB de 2,6% entre avril et juin. Toujours inquiet devant les difficultés budgétaires affichées par les Etats, notamment pour les pays à la périphérie de l'Union européenne, le Fonds monétaire international appelle à " placer les finances publiques sur une trajectoire viable ". Cette injonction vaut notamment pour les Etats-Unis, confrontés à " un besoin particulièrement urgent ". Le FMI a annoncé lundi avoir réévalué à la baisse la progression de la première économie mondiale. La croissance des Etats-Unis s'élèverait à 2,8% pour 2011, soit 0,2 point de moins que dans les précédentes prévisions. Par ailleurs, les préoccupations que suscite le rafermissement des cours du brut sur le marché international ces derniers mois est bien évident aux Etats Unis. Ainsi, tous les récents rapports sur la situation économique de Washington tentent de rassurer que la montée des cours du pétrole et des autres matières premières ne devrait pas faire dérailler la reprise économique en cours aux Etats-Unis, a estimé lundi à New York la vice-présidente de la banque centrale américaine (Fed), Janet Yellen. " La brusque montée des prix des matières premières observée depuis un an semble être largement due à la conjonction d'une hausse de la demande mondiale et de perturbations dans l'approvisionnement planétaire ", a déclaré Mme Yellen, faisant référence à l'instabilité dans le monde arabe. " Il semble peu probable que ces événements entraînent une hausse persistante des prix à la consommation ou fassent dérailler la reprise, et, partant, ils ne justifient à mon avis aucun changement radical de politique monétaire " aux Etats-Unis, a-t-elle ajouté, selon le texte de son discours. La Fed mène une politique ultra-accommodante depuis plus de deux ans afin de soutenir la reprise de l'économie américaine: son taux directeur est maintenu quasi nul depuis décembre 2008, et elle intervient de nouveau sur les marchés depuis novembre pour racheter des obligations du Trésor américain afin de maintenir les taux d'intérêt à long terme le plus bas possible. Certains de ses dirigeants s'inquiètent que la poursuite de cette politique ne sème les graines d'une inflation incontrôlable à terme. Ils sont minoritaires, l'avis dominant au sein du Comité de politique monétaire de la Fed étant qu'il faut continuer de soutenir la reprise autant que possible. L'idée est que tant que les attentes d'inflation (indicateur de l'inflation probable à long terme) restent stables, la Fed peut continuer sur cette voie. Mme Yellen a néanmoins indiqué que " l'un des enseignements clef de l'expérience de la fin des décennies 1960 et 1970 était que la stabilité des attentes d'inflation à long terme ne pouvait être considérée comme acquise ". En conséquence, a-t-elle ajouté, la Fed les surveille de près pour éviter tout dérapage des prix.