À l'occasion de la réunion des membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a eu lieu les 14 et 15 mai derniers à Paris, les 26 ministres des pays membres ont souligné la nécessité "d'affiner les mécanismes d'intervention en cas d'urgence" lors d'une rupture des approvisionnements énergétiques. Dans un communiqué commun diffusé à l'issue d'une réunion de deux jours "pour passer en revue la situation des marchés mondiaux de l'énergie", les pays membres ont indiqué avoir défini des priorités pour la "gestion des crises de l'énergie". Cette réunion à niveau ministériel a été l'occasion de discuter des moyens d'atténuer à court et long termes les menaces qui pèsent sur la sécurité énergétique, en tenant compte des enseignements tirés des mesures d'urgence collectives prises par l'AIE suite aux ouragans Katrina et Rita et de la tendance actuelle au sous-investissement dans les infrastructures d'énergie, ainsi que du frein aux investissements et à l'adoption de technologies que constituent les comportements naissants de nationalisme lié à l'énergie. Pour l'AIE, "le monde est aux prises avec des défis énergétiques encore difficiles : les prix de l'énergie restent élevés et volatils, et imposent un fardeau particulièrement lourd aux économies des pays les moins avancés. Les risques géopolitiques augmentent. Les coûts des investissements flambent. Les dépenses d'équipement n'atteignent pas les montants nécessaires pour garantir la sécurité des approvisionnements. Les émissions de CO2 progressent plus rapidement encore qu'auparavant". Se déclarants prêts "à faire face à toute autre perturbation", les ministres ont affirmé : "Nous nous engageons à affiner et à consolider nos mécanismes d'intervention en cas d'urgence, en les adaptant aux nouvelles réalités du marché, et notamment par une coopération renforcée avec les pays non membres en cas de rupture importante des approvisionnements". Parmi ces mécanismes, il est prévu le recours aux stocks stratégiques. Ils ont, par ailleurs, invité l'AIE à "formuler des avis concernant les mécanismes et les politiques d'intervention en cas d'urgence sur les marchés gaziers, et leurs conséquences internationales éventuelles", car, selon eux, il y a une "montée des tensions du côté de l'offre". Concernant la question des risques de rupture des approvisionnements, l'AIE continue de jeter la balle aux producteurs. En effet, le message délivré sur la question est que "tout pays producteur doit assumer sa responsabilité de fournisseur stable et fiable". Ce souci a été souligné par le secrétaire d'Etat américain à l'Energie, M. Samuel Bodman, qui a estimé que "la leçon numéro un, c'est que tout pays doit impérativement diversifier ses sources d'énergie". "L'Europe doit diversifier ses sources d'approvisionnement énergétique", a-t-il souligné. Quant aux perspectives globales de l'industrie énergétique mondiale, l'AIE mise sur "l'accélération du développement et le déploiement des nouvelles technologies". Elle table aussi sur le "déploiement des énergies renouvelables et de l'énergie nucléaire pour faire face à la menace nouvelle du réchauffement de la planète", tout en œuvrant "en faveur de l'utilisation propre du charbon" et en faveur de la recherche pour "la gestion de la séquestration du carbone (CSLF)". Enfin, l'AIE a estimé que "pour que la sécurité et la durabilité deviennent réalité, tous les pays seront appelés à prendre des décisions difficiles", appelant "à recourir collectivement à toutes les sources d'énergie, quels qu'en soient l'origine, le fournisseur ou les voies d'accès aux marchés".