"Territoire Perdu", un film poignant sur le drame sahraoui a été projeté en avant-première au Centre culturel algérien à Paris (CCA). Signé, Pierre-Yves Vandeweerd, ce long métrage de 74 minutes relate les difficultés de la vie dans le désert et celles des populations contraintes à se réfugier dans des camps, après avoir été chassées d'un pays duquel elles sont coupées par un mur long de 2400 km, construit par l'armée marocaine .Un mur qui installe, de fait, deux entités : une occupée par le Maroc, l'autre sous contrôle du Front de Libération du Sahara occidental (Polisario). En exil forcé depuis 1976 dans les camps, le supplice qu'endure cette population est montré de façon très humaine à travers les regards des personnages, leur espoir à travers la lutte qu'ils poursuivent. Retrouver un jour la patrie perdue semble être le leitmotiv de ce film qui raconte aussi la persécution dans le désert par les forces marocaines lorsqu'ils ont été spoliés de leur terre. Le limon qu'ils ne reverront plus à cause de ce long mur de sable, les coupant du reste du monde. D'autres témoignages de Sahraouis vivant dans les territoires occupés font état aussi de "persécution des forces de l'ordre marocaines" et des "tortures au quotidien dont font l'objet des militants des droits de l'homme" dans le royaume chérifien. Pour le réalisateur belge du film, c'est "cette image d'enfermement physique mais aussi un enfermement de la pensée et de l'imaginaire" que le film veut faire ressortir. "Il était ainsi devenu évident que je construise le film géographiquement à partir des camps de réfugiés et des zones sous contrôle du Polisario", a-t-il indiqué, en confiant que connaissant la région pour y avoir déjà tourné 15 ans durant, son idée à l'origine était de reconstituer, au travers de relevés topographiques à l'intérieur du territoire sahraoui, l'histoire du Sahara occidental. Le co-producteur du film, Michel David, a, de son côté, fait part de deux types d'aléas auxquels l'équipe technique était confrontée. D'abord, le fait d'avoir clandestinement tourné dans la partie occupée du Sahara occidental. "Cela s'est répercuté sur la qualité de l'image vidéo, remplacée par des témoignages oraux et un tournage en Super 8 mm", a-t-il regretté. Dans la partie libérée du Sahara occidental, le risque, a-t-il ajouté, était de "faire un film pro-Polisario”.