Quelles seront les conséquences du nouveau plan quinquennal chinois pour l'économie mondiale ? Importantes, estiment les spécialistes en la matière, dans la mesure où il marquera, à coup sûr, un changement de cap économique et permettra d'atteindre, comme premier objectif, l'augmentation de la consommation et du niveau de vie de la population, et non pas la croissance maximale du PIB. Si tant est que ce revirement économique réponde à des considérations de politique intérieure, il pourrait avoir des retombées significatives, notamment sur les flux de capitaux mondiaux, et par ricochet, sur les taux d'intérêt. Depuis une décennie déjà, le taux de croissance élevé du PIB chinois a permis une hausse du revenu réel ayant touché des centaines de millions de Chinois, particulièrement dans les zones urbaines. Et quand la ville travaille pour la campagne chinoise, c'est toute cette dernière qui s'en voit tirer des profits ! Oui grâce à l'argent que les Chinois des villes envoient à leur famille à la campagne, le monde rural a fini par connaître une élévation du niveau de vie de ses populations. Cependant, il est à noter que la croissance du PIB chinois a surtout bénéficié aux grandes entreprises nationalisées qui ont réussi un coup de maître en renforçant ainsi leur monopole. Néanmoins, le produit intérieur brut augmente bien plus vite que les salaires réels et que la consommation de la population chinoise. Cela est généré notamment par le niveau très appréciable des exportations de la Chine, l'excédent des comptes courants de ce pays dépassait les 350 milliards de dollars en 2010. Que prévoit le nouveau plan quinquennal ? Fait pour le moins surprenant, le nouveau plan quinquennal prévoit une augmentation effective des salaires réels accompagnée d'une stimulation à la consommation. Et pour arriver à cela, la priorité sera accordée au développement des services, au lieu et place de la production manufacturière. Les entreprises nationalisées devront à cet effet suivre en distribuant une plus grande part de leurs bénéfices. La hausse de la monnaie émise par la Banque populaire de Chine, le yuan en l'occurrence, pourrait en revanche inciter les industriels chinois à s'intéresser un peu moins au marché extérieur et davantage au marché intérieur. L'Etat, pour sa part, augmentera le budget destiné au logement social et à la santé. Résultat des courses : les ménages dépenseront plus, l'Etat également ! Donc il épargnera moins. Il faut savoir que le taux d'épargne de la Chine, qui avoisine les 50% de son PIB, reste, néanmoins, le plus élevé de la planète. Les répercussions tant sur le plan national qu'international sont plus que palpables, car c'est là l'origine de son excédent des comptes courants. Un pas en avant pour l'épargne, trois pas en arrière pour l'investissement… La Chine, ce monstre qui épargne plus qu'il n'investit en équipements et en structures, a les moyens d'exporter ce qui constitue son excédent des comptes courants. Paradoxalement, un pays qui investit plus qu'il n'épargne à l'image des USA pour le simple exemple, doit impérativement combler le manque en important en plus grande quantité qu'il n'exporte. Une inéquation qui fait qu'un pays qui manifeste un excédent de ses comptes courants dispose de cette large latitude de prêter et d'investir dans le reste du monde, tandis qu'un pays qui connaît un déficit de ses comptes courants doit le financer en empruntant à l'étranger. Plus précisément, la balance des comptes courants constitue la différence entre montant de son épargne et celui de ses investissements. Cela dit, si la Chine épargne moins, son excédent des comptes courants va diminuer et il en sera de même de sa capacité de prêts aux USA et aux autres pays. Si sa nouvelle orientation économique s'exprime par une diminution de son épargne, elle détiendra toujours le record du monde de taux d'épargne, mais cela annulera son excédent des comptes courants. C'est une situation probable pour la fin de son plan quinquennal, estime encore les spécialistes. Et en l'absence d'un excédent de ses comptes courants, la Chine ne fera plus partie de ces pays acheteurs nets des obligations d'Etat américains et d'autres titres étrangers. Et c'est dans la logique même que l'on s'attend à d'énormes effets sur le marché mondial des capitaux. En l'absence d'un excédent de ses comptes courants, la Chine ne sera plus un acheteur net des obligations d'Etat américaines et des autres titres étrangers. Aussi, si le gouvernement et les entreprises chinois veulent continuer à investir dans le pétrole et dans les entreprises à l'étranger, la Chine devra vendre ses obligations en dollars ou ses autres titres de dette souveraine. Cela se traduira par une hausse des taux d'intérêt sur les obligations des USA et des autres pays à travers le monde. Il faut souligner enfin qu'en 2010, le déficit des comptes courants américains a diminué du seul fait de la forte baisse des investissements dans l'immobilier et dans la construction. Dans le cas où la demande de logements venait à reprendre aux USA et si les entreprises veulent investir davantage, la combinaison de la baisse de l'épargne en Chine et de la prolongation d'un déficit budgétaire important aux USA pourrait entraîner une hausse significative des taux d'intérêt à travers le monde.