Les forces de l'Otan ont réussi à détruire un bâtiment de la résidence de Bab al Aziziyah de Mouammar Kadhafi à travers une frappe aérienne, à Tripoli, hier matin. Un membre des autorités libyennes qualifie cette attaque de "tentative d'assassinat" envers le dirigeant Mouammar Kadhafi, il ajoute que quarante-cinq personnes ont été blessées, dont 15 grièvement, et d'autres sont portées disparues. Un bilan qui reste à vérifier pour le moment. La résidence de Kadhafi a déjà été prise pour cible par la coalition internationale mais l'Otan semble avoir renforcé ses frappes sur la capitale libyenne depuis quelques jours. Vendredi dernier, les environs de la résidence ont été frappés par les forces de l'Alliance atlantique, ciblant ce que le gouvernement libyen a présenté comme étant un parking mais qui pourrait dissimuler un bunker. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, se penchant vigoureusement sur le dossier libyen, ont souligné que les frappes ne cesseraient que lorsque Kadhafi quitterai le pouvoir. Le dirigeant libyen aurait utilisé le bâtiment visé pour des réunions ministérielles. Seif Al-Islam, fils du colonel Kadhafi, a dénoncé une "attaque lâche" sur la résidence de son père. Cela "peut faire peur ou terroriser les enfants mais nous n'abandonnons pas la bataille et nous n'avons pas peur", a-t-il dit dans une brève déclaration à sa chaîne de télévision Allibiya, affirmant que la bataille engagée par l'Otan en Libye était "perdue d'avance".Trois heures après le bombardement, de la fumée s'échappait toujours d'une partie du bâtiment détruit, où des dizaines de curieux et de partisans du régime se sont rassemblés dans la nuit, scandant des slogans à la gloire du colonel Kadhafi. Une salle de réunion, en face du bureau du dirigeant libyen, a été touchée par le souffle de l'explosion.Drones américainsWashington, qui souhaite dans la mesure du possible rester loin des opérations militaires en Libye, a toutefois déployé des drones "Predator" pour la première fois samedi dernier afin de détruire des lances roquettes multiples au niveau de Misrata. La seule ville de l'ouest du pays sous la direction des rebelles a été une nouvelle fois sous les bombourdemant. Situation de plus en plus précaireDouze personnes au moins ont trouvéla mort avant-hier ,en outre une soixantaine de blessées. Samedi dernier, les violences ont fait au moins 28 morts et une centaine de blessés, "le plus lourd bilan en 65 jours" de siège, selon un médecin. Depuis deux mois, le bilan était en moyenne de 11 morts par jour. La situation devient de plus en plus difficile dans la ville, où trouver de la nourriture, de l'eau et des médicaments est pratiquement impossible. Dans certains bâtiments détruits de la rue Tripoli, où se trouvait le front jusqu'à vendredi dernier, des cadavres, en majorité des soldats pro-Kadhafi, pourrissent toujours dans les décombres, ont rapporté des combattants rebelles. La tangible avancée de ces derniers, qui ont repris une grande partie de la ville mais butent sur une forte résistance des forces gouvernementales, a permis de libérer des habitants enfermés chez eux depuis parfois plusieurs dizaines de jours, à cause des snipers loyalistes qui abattaient tous ceux qui tentaient de sortir."Au début, on mangeait ce qui restait dans la maison. Puis ça s'est épuisé. Comme toutes les maisons de ma rue sont collées les unes aux autres, on a fait des trous dans les murs pour passer d'une maison à l'autre pour le ravitaillement", explique un habitant. La dernière maison de la rue était également dans le champ de tir des snipers. Chaque jour, un courageux volontaire se risquait sous les balles pour chercher à manger. "Six voisins en sont morts, abattus par les hommes de Kadhafi", a-t-il dit.