La Fédération algérienne des boulangers a décidé, samedi dernier, de ne pas recourir à la grève pour réclamer des augmentations des marges bénéficiaires. Au terme de la réunion, la deuxième en l'espace de deux semaines avec le ministère du Commerce, les membres de la Fédération ont décidé de temporiser jusqu'au mois de juin pour voir la suite que la tutelle réservera à leurs revendications. Du côté du ministère, et comme réitéré lors de ladite réunion, les " portes du dialogue sont toujours ouvertes " et il semble donc que c'est le meilleur moyen pour aplanir les divergences. Car, faut-il le rappeler, le dossier des prix de la baguette de pain revient à chaque fois à la charge. D'un côté, les boulangers s'estiment lésés au motif que les intrants et les charges ont augmenté alors que le prix de la baguette est maintenu à 8,50 dinars depuis des années. Le ministère, pour sa part, estime que les prix de la farine est subventionné, de ce fait, il exclut toute hausse du prix. Pour les responsables de la tutelle, la question ne relève pas uniquement du département du commerce mais nécessite une large concertation avec les autres ministères, dont celui de l'Energie pour ce qui est des tarifs de l'électricité et celui des Ressources en eau à propos des prix de l'eau. D'où cette décision de soumettre le dossier des prix du pain, né des revendications des boulangers, au gouvernement prochainement, comme promis par le ministre Mustapha Benbada. Pour défendre ses revendications, la Fédération des boulangers a toujours rappelé les pertes que subissent les professionnels dont " beaucoup ont tout simplement préféré mettre la clé sous le paillasson ". Pour la Fédération, c'est tout le métier de boulanger qui est menacé de disparition si les choses en restent à ce stade. Néanmoins, des critiques sont lancées à l'encontre de cette corporation qui trouve le moyen de tricher sur le poids de la baguette. Le président de la Fédération des boulangers avait déjà soulevé ce problème en affirmant que " beaucoup de boulangers trichent sur le poids du pain, au lieu de faire une pâte avec 250 grammes pour chaque baguette, certains boulangers n'en mettent que 180 grammes. Il y a donc tricherie sur la marchandise ". L'on s'interroge ainsi sur le rôle des services de contrôle qui doivent faire face à ce genre de comportements. Autre grief retenu contre les boulangers est le détournement des quotas de la farine panifiée pour la fabrication de gâteaux qui se vendent à des prix très élevés. Ce que ne disent pas les boulangers c'est que leurs gains sont parfois triplés grâce à ce procédé. Il est aussi à relever que beaucoup de boulangers n'appliquent pas les prix administrés et la baguette est cédée à 10 dinars dans plusieurs boulangeries de la capitale au motif que le produit est " amélioré ". Plusieurs paramètres sont donc à prendre en compte pour trouver une solution à ce dossier. En attendant, l'Algérie est toujours en pole position en matière de consommation de pain avec 49 millions de baguettes par jour, selon les statistiques de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).