La mise en place d'un cessez-le-feu et d'un accès à l'aide humanitaire dans les villes frappées par la répression a été réclamée par Abdul-Ilah Al-Khatib, l'émissaire spécial des Nations unies en Libye. L'émissaire a insisté auprès du régime de Mouammar Kadhafi pour cette mise en place. D'après le porte-parole de l'organisation, Martin Nesirky, des responsables du gouvernement libyen ont indiqué à l'émissaire qu'ils étaient prêts à coopérer. Selon l'agence officielle libyenne JANA, le chef du gouvernement libyen, Baghdadi Mahmoudi, a indiqué, en recevant M. Al-Khatib, que le régime souhaitait "un cessez-le-feu immédiat qui coïnciderait avec un arrêt des bombardements de l'Otan". Le Premier ministre a ajouté par ailleurs que son pays était attaché à l'unité de son territoire et de son peuple, et que les Libyens avaient le droit de "décider de leurs affaires intérieures et de leur système politique par le biais d'un dialogue démocratique loin des bombardements et de la menace". En outre, il a dénoncé les violations commises par l'Otan en Libye, citant "des assassinats politiques, le siège maritime injuste, le bombardement de sites civils et la destruction de l'infrastructure". M. Al-Khatib s'est rendu à Tripoli pour une visite d'une journée, tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est entretenu par téléphone avec M. Mahmoudi. Il a rencontré le ministre des Affaires étrangères libyen, Abdelati Al-Obeidi, ainsi que les chefs tribaux soutenant le régime, mais n'est pas parvenu à rencontrer Mouammar Kadhafi. L'OTAN NAGE DANS UNE MER DE TENSIONS L'Otan doit élargir l'éventail de ses cibles en Libye sous peine de ne pas parvenir à évincer du pouvoir le colonel Kadhafi, estime le général David Richards, chef d'état-major de l'armée britannique, dans un entretien au Sunday Telegraph. "Si nous n'augmentons pas la mise, Kadhafi risque de s'accrocher au pouvoir", estime-t-il. "Pour l'instant, l'Otan n'attaque pas les infrastructures en Libye. Mais si nous voulons accentuer la pression sur le régime de Kadhafi, il faut sérieusement envisager d'élargir le champ de nos objectifs", ajoute le chef d'état-major britannique. Dans son entretien, le général Richards note que l'Alliance ne cherche pas à atteindre directement le dirigeant libyen, mais que "s'il se trouve qu'il est dans un centre de commandement au moment d'un raid et qu'il est tué, cela n'a rien d'illégal". Réagissant sur la BBC aux propos du général Richards, le ministre de la Défense britannique, Liam Fox, a déclaré: "Je pense qu'il voulait faire comprendre qu'un certain nombre de pays membres de l'Otan ne sont pas très satisfaits de certaines des cibles choisies et de certains des bâtiments détruits". Le leader libyen Kadhafi poursuivi pour crimes contre l'humanité C'était une demande des Nations unies. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé, hier, avoir demandé aux juges de délivrer des mandats d'arrêt contre le leader libyen Mouammar Kadhafi, son fils aîné Seif Al-Islam et le chef des services de renseignements libyens Abdallah Al-Senoussi pour crimes contre l'humanité. Voici dans le détail la déclaration du procureur international : "Sur le fondement des preuves recueillies, le bureau du procureur a demandé à la chambre préliminaire 1 de délivrer des mandats d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam et Abdullah Al-Sanoussi", a déclaré M. Moreno-Ocampo, lors d'une conférence de presse à La Haye, où siège la CPI. Les juges de la CPI peuvent décider d'accepter la requête du procureur, la rejeter ou demander au bureau du procureur des informations supplémentaires.