Les coûts salariaux élevés des Chinois semblent commencer à poser problèmes pour certaines firmes internationales. L'option qui se profile actuellement à l'horizon des affaires est de délocaliser des entreprises de la Chine vers d'autres pays en développement. L'objectif serait trouver une main-d'œuvre moins chère. Cette délocalisation des sociétés étrangères serait une aubaine en or pour les pays en développement, qu'il ne faut en aucun cas rater. Elle contribuerait à augmenter le montant des investissements étrangers directs et par conséquent la résorption du chômage. La Banque mondiale prévoit, pour les années à venir, une réorientation de délocalisation des entreprises de la Chine vers d'autres pays en développement où le coût de travail sera beaucoup moins cher par rapport à celui de cette puissance asiatique. Selon la directrice générale de la BM, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, les coûts salariaux des travailleurs chinois de plus en plus instruits sont en train de connaître une hausse, ce qui devrait se traduire par une délocalisation des entreprises de la Chine vers des marchés de travail moins coûteux. La représentante de l'institution de Bretton Woods s'exprimait lors de la 4eme conférence de l'ONU sur les Pays les moins avancés (PMA) qui se tient à Istanbul (Turquie), dont l'intervention a été publiée par la Banque mondiale. Citant un rapport d'une banque suisse, Mme. Okonjo-Iweala a noté que le coût du travail en Chine pourrait augmenter de plus de 20 à 30% dans les 3 à 5 prochaines années. Selon elle, avec la pression croissante sur le yuan pour être réévalué et l'augmentation des coûts du travail, "les entreprises vont commencer à regarder ailleurs que la Chine pour installer leurs usines". Rappelant que les investissements directs étrangers (IDE) en Chine ont augmenté pour passer de 30 milliards de dollars en 2000 à un record de 147,7 milliards de dollars en 2008, la représentante de la BM a insisté pour que les pays les moins avancés doivent tirer profit des délocalisations des IDE qui commencent à se profiler. Si seulement 10% des IDE en Chine étaient investis dans les pays en développement, ce serait l'équivalent de plus de 9 à 14 milliards de dollars supplémentaires d'investissements étrangers au profit de cette catégorie des pays, selon ses estimations. Récemment, a-t-elle poursuivi, une grande firme internationale de fabrication électronique a annoncé qu'elle cherchait à déplacer certaines de ses activités de fabrication de la Chine vers un autre pays, avec un potentiel de 400 000 emplois. "La course est lancée pour attirer ces entreprises" par les autres pays en développement, a-t-elle suggéré, en proposant que les PMA doivent préparer leurs économies à cette transition économique massive par le renforcement de leurs infrastructures et la création d'un environnement approprié pour un secteur privé à promouvoir. Abordant la situation économique globale des PMA, Mme. Okonjo-Iweala a signalé qu'à l'exception de la Guinée équatoriale, l'Angola, le Tchad et l'Afghanistan, la croissance a augmenté passant d'une moyenne de 8,5% en 2000-2007 à 10,3% en 2008-09: "une augmentation importante dans cet environnement post-crise financière difficile". Toutefois, cette croissance est "fragile" en raison de prix alimentaires élevés et volatils, les troubles civils et les conflits qui, selon elle, pourraient déborder sur les frontières et menacer la sécurité mondiale. La flambée des prix alimentaires, qui a poussé environ 44 millions de personnes supplémentaires vers la pauvreté depuis juin dernier, a conduit à des dizaines d'émeutes dans de nombreux pays pauvres "agissant comme un fort avertissement sur l'importance de la sécurité alimentaire pour la stabilité sociale et la sécurité des populations", a-t-elle prévenu. En outre, 1,5 milliard de personnes vivent aujourd'hui dans les pays touchés par des cycles répétés de violence politique et criminelle, selon elle. "En somme, malgré les bons taux de croissance connus par les PMA, les conditions économiques favorables de la période d'avant la crise n'existent plus", a affirmé la représentante de la Banque mondiale. Dans ce sens, elle a proposé plusieurs pistes pour faire face aux difficultés multidimensionnelles auxquelles font face les PMA. Elle a ainsi proposé que les solutions devraient reposer sur la stabilité budgétaire, le renforcement des avantages comparatifs de ces pays pour attirer les IDE, le développement de leur secteur agricole pour contribuer à assurer leur sécurité alimentaire et créer l'emploi, et la conception des programmes de filet de sécurité pour protéger les pauvres et les plus vulnérables. Pour elle, "ce sont des domaines où la communauté internationale peut apporter son aide et où les pays les moins développés doivent désormais œuvrer pour créer des conditions de croissance favorables". Selon les chiffres qu'elle a présentés sur les PMA, le PIB est passé de 271 millions de dollars en 2000 à 686 millions de dollars en 2008, le ratio de la dette par rapport au PIB s'est établi en moyenne à 32% en 2008, les IDE ont augmenté à 17,3 milliards de dollars en 2008 contre 3,5 milliards de dollars en 2000, tandis que leur part dans le commerce mondial est passé de 0,61% en 2000 à 1% en 2008.