En dépit du net recul qu'enregistrent les cours du brut sur le marché international dans la conjoncture actuelle, les pays consommateurs accentuent les pressions sur les pays membres de l'Opep pour augmenter la production.L'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devra pendre une décision claire le 8 juin prochain à Vienne si le cartel veut restaurer sa crédibilité comme garant de la stabilité du marché du pétrole", juge le Centre for Global Energy Studies (CGES) dans sa note stratégique du mois de mai publiée hier. "Mais la réunion sera présidée par l'Iran et risque d'être placée davantage sous le signe de la politique que des affaires", ajoute le cabinet londonien fondé par l'ancien ministre saoudien du Pétrole, cheikh Zaki Yamani. Malgré ses effets d'annonce, les membres de l'Opep ont échoué à répondre à la disparition de 1,5 millions de barils par jour en provenance de Libye, et se sont réfugié derrière l'argument de la spéculation, qui expliquerait les mouvements de hausse (avril) et de baisse (mai) du marché, plutôt que les fondamentaux qui, selon le cartel, sont sains, précise l'étude. De fait, peu de pays bénéficieraient d'une hausse de la production, reconnaît le CGES. La tâche de combler le manque d'offre incomberait une nouvelle fois à l'Arabie Saoudite, détentrice de 70% des capacités de réserve du brut de l'Opep. Mais alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a menacé d'utiliser ses stocks si la production n'augmentait pas, la nécessité pourrait s'en faire cruellement ressentir, au risque sinon d'affaiblir la reprise de la croissance mondiale. Selon ses calculs, l'agence pointe un objectif de production nécessaire de 30 millions de barils par jour sur la deuxième partie de l'année. La production d'avril se chiffrerait à environ 28,8 millions de barils par jour. Le pétrole brut léger américain a ouvert en nette baisse hier mardi sur le marché new-yorkais, l'inquiétude suscitée par l'évolution de la crise budgétaire européenne incitant les investisseurs à privilégier les valeurs-refuge, au détriment des matières premières. Le contrat à échéance juin a fini sur une perte de 2,4 dollars, soit 2,4% à 97,70 dollars le baril. Cependant, plombée par les inquiétudes autour d'une possible restructuration de la dette grecque et l'abaissement des perspectives des notes italienne et grecque, la monnaie unique a fortement reculé à un plus bas de deux mois face au dollar, ce qui encouragé l'aversion au risque sur les marchés et fait réagir les cours de l'or noir à la baisse. Au-delà du marché occidental, les cours du pétrole connaissaient un rebond mardi dans les échanges électroniques en Asie, en raison de la hausse de la demande en Chine, la deuxième économie mondiale, selon des analystes. Sur le marché asiatique, dans les échanges matinaux de la journée d'hier, le baril de "light sweet crude" pour livraison en juillet prenait 30 cents à 9 dollars. Celui du Brent de la Mer du Nord pour livraison identique gagnait 61 cents à 110,71 USD. "La demande chinoise en pétrole en avril a atteint une moyenne de 9,37 millions de barils par jour, soit une hausse de 8,3% sur un an", a indiqué Shailaja Nair, analyste chez Platts. La veille, lundi, les prix du pétrole ont chuté à New York, plombés par un net renforcement de la monnaie américaine, sur fond de regain d'angoisse sur les marchés face à la crise budgétaire en zone euro. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en juillet a terminé à 97,70 dollars, en baisse de 2,40 dollars par rapport à vendredi. A Londres,sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a lâché 2,29 dollars à 110,10 dollars. En outre, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'assistera pas à la prochaine réunion ministérielle de l'Opep le 8 juin prochain à Vienne, bien qu'il soit actuellement en charge de ce portefeuille, a affirmé hier un haut responsable du ministère iranien du Pétrole. Lors d'une rencontre en tête-à-tête avec le président, Ahmadinejad a annoncé qu'il n'assisterait pas à la prochaine réunion de l'Opep, a déclaré Shojaoddin Bazargani, selon le site internet de la télévision d'Etat. Un de ses ministres assistera à cette réunion, a-t-il ajouté. M. Ahmadinejad a annoncé le 15 mai dernier sa décision de prendre provisoirement le portefeuille du Pétrole, après avoir démis son titulaire dans le cadre d'une restructuration du gouvernement prévoyant notamment de fusionner ce ministère avec celui de l'Energie. Cette décision a suscité des spéculations sur l'intention éventuelle de M. Ahmadinejad d'assister à la prochaine réunion de l'Opep, d'autant que l'Iran préside cette année le cartel pétrolier pour la première fois depuis la révolution islamique de 1979. Certains opposants à M. Ahmadinejad ont contesté la légalité de sa décision d'assurer l'intérim à la tête du ministère du Pétrole, intervenue alors que la présidence est déjà sous le feu nourri du courant conservateur religieux dans plusieurs conflits. Le Conseil des gardiens de la Constitution a lui-même jugé que le président iranien n'avait pas le droit, constitutionnellement, d'assurer cet intérim, ont rapporté les médias iraniens. La présidence a toutefois rejeté dimanche soir cette interprétation et réaffirmé que M. Ahmadinejad demeurait ministre du Pétrole par intérim.