Déconnecté de ses fondamentaux, le marché pétrolier reste otage des prévisions sur la reprises de l'économie mondiale, et donc de la spéculation sur les prévisions de demande. Selon le rapport mensuel du Centre for Global Energy Studies (CGES), cabinet fondé à Londres par l'ancien ministre saoudien du Pétrole, cheikh Zaki Yamani, en l'absence de pressions sur les fondamentaux de l'offre et de la demande, le marché du pétrole devrait rester dépendant à court terme des indicateurs et anticipations sur la solidité de la reprise économique mondiale. "Alors qu'aucune tendance claire ne se dégage des fondamentaux que sont l'offre et la demande, les prix du pétrole réagissent aux perceptions sur le rythme et la solidité de la reprise économique mondiales, après chaque nouvel indicateur ou anticipation", précise le rapport publié hier . Pour les auteurs du rapport, les "vastes capacités de réserves", tant chez les producteurs que les consommateurs, ont "supprimé les contraintes d'approvisionnement comme facteur de pression à la hausse sur les prix". Les prix bénéficient par ailleurs "de la certitude du marché que les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) agiront pour empêcher les prix de tomber en-dessous de 70 dollars le baril", souligne le rapport. Après s'être ressaisis en juin, les prix du pétrole évoluent depuis quelques semaines dans une fourchette étroite comprise entre 70 et 80 dollars, un niveau que le secrétaire général de l'Opep Abdallah el-Badri avait jugé "satisfaisant" fin juin. Cependant, "il existe encore de nombreux facteurs susceptibles de perturber cet apparent équilibre (sur le marché); quand vous vous intéressez au pétrole, la géopolitique n'est jamais très loin", avertit le CGES. Ainsi,"l'incertitude sur le maintien de la paix dans le delta du Niger, les impasses continuelles sur les ambitions nucléaires de l'Iran ou encore un possible regain de violences au Soudan, sont autant de tensions pouvant susciter rapidement un sentiment de pénurie". "En attendant, il semble y avoir peu de raisons fondamentales que les prix du pétrole ne s'écartent de sa fourchette de variations actuelle", concluent ces experts. Pour rappel, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit une légère hausse de la demande de brut en 2011 (+1 mbj à 86,4 mbj) anticipant une reprise prudente de l'économie mondiale, dans son rapport mensuel de juillet publié jeudi à Vienne. "En 2011, la demande mondiale de brut devrait croître de 1 million de barils par jour (mbj), reflétant une prudence toujours de mise sur le rythme de la reprise économique mondiale", indiquent les experts de l'Opep. Le cartel, qui fournit un peu moins de 40% de l'or noir mondial, estime que la demande atteindra une moyenne de 86,4 mbj l'an prochain. Pour sa part, l'AIE table sur une hausse de 1,3 mbj en 2011 à 87,8 mbj, après une hausse de 1,8 mbj en 2010. En 2011 comme en 2010, la tendance sera soutenue principalement par la croissance en Chine, en Inde, au Moyen-Orient et en Amérique latine. En 2010, l'économie chinoise devrait absorber 5,5% de produits pétroliers de plus, grâce à une croissance avoisinant les 9,5%.