Les pressions ne font qu'augmenter sur l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), afin de la pousser à augmenter ses quotas de production. Pour sa part, le Cartel emet encore des doutes sur l'effet d'une telle mesure sur les cours du pétrole. C'est dans ce contexte que le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a indiqué, samedi, que la conjoncture actuelle du marché ne nécessite pas un changement dans la production de pétrole ajoutant qu'il n'y a pas lieu, pour le moment, d'augmenter ou de baisser la production car il existe un équilibre sur le marché mondial entre l'offre et la demande du brut. Le ministre indiquera, par ailleurs, que l'Opep discutera du niveau record des prix et prendra une décision sur son niveau de production lors de sa réunion en septembre à Vienne. Il ajoutera néanmoins que "les cours du brut n'étaient pas soutenus pour le moment par une faiblesse de l'offre mais plutôt par une capacité de raffinage relativement réduite".Les prix du pétrole brut ont atteint un nouveau record historique le 1er août en grimpant jusqu'à 78,77 dollars le baril à New York. Vendredi, l'Opep avait refusé de commenter les propos du ministre irakien du pétrole, Hussein al-Chahristani, qui a déclaré la veille que le cartel pétrolier envisageait "un léger accroissement de sa production" à l'occasion de sa réunion de septembre. Lors de sa dernière réunion, en mars, l'Opep avait décidé de maintenir sa production à 25,8 M de barils par jour.Néanmoins, les pays occidentaux n'en démordent pas et maintiennent la pression. Lors de son dernier rapport mi-juillet, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estimait que cette augmentation de la demande devrait atteindre 2,8 millions de barils par jour (mbj) dans les prochaines semaines. Une situation qui, sans rapide intervention de l'Opep, pourrait déboucher sur une pénurie de brut au troisième trimestre, martèle l'AIE, qui défend les intérêts énergétiques des pays consommateurs. L'Opep, qui n'a pas souhaité commenter la nouvelle poussée de fièvre de l'or noir, répète depuis des mois que cette flambée est liée non pas à un manque de brut mais aux problèmes de raffinage aux Etats-unis, aux tensions géopolitiques et à la spéculation. Aussi, une augmentation de sa production serait sans effet sur les prix.Même analyse chez Manouchr Takin, du Centre for Global Energy Studies (CGES): "Si les pays membres de l'Opep produisent plus, même s'ils se contentent d'annoncer qu'ils pourraient peut-être augmenter leur production en septembre, les prix baisseront". Claude Mandil, directeur de l'AIE, juge lui que l'évolution des prix à court terme va "dépendre de la réaction des pays producteurs" et espère que "tout le monde en tirera les conséquences". Comme l'avait fait M. Mandil début juillet, Francis Perrin envisage que les pays membres de l'Opep puissent d'ici à septembre, augmenter discrètement leur production et "donner un peu plus de pétrole à leurs clients traditionnels".