Avec la révolution industrielle du 19e siècle, l'eau est devenue une matière indispensable au fonctionnement des usines. Ceci a amené une concentration importante en pollution que le milieu récepteur s'est avéré incapable d'absorber. Ainsi sont nées les premières stations d'épuration, qui sont une sorte de grands ouvrages de protection du milieu récepteur. Ce sont de véritables usines de traitement destinées à rendre les eaux usées propres à être rejetées sans inconvénients majeurs dans le milieu naturel. Dans ces usines, nous retrouvons une série de traitements préliminaires : traitement primaire (dégrillage, tamisage, dessablage, dégraissage), traitement secondaire ou traitement biologique (bassins d'aération, et le traitement tertiaire (séparation des eaux des boues auxquelles elles sont mélangées). Les eaux traitées sont rejetées dans le milieu naturel, le plus souvent sans traitement supplémentaire. Les boues récupérées, contenant encore des matières fermentescibles doivent subir des traitements plus ou moins importants. C'est la ligne des boues ou appelée, encore la filière boues qui consiste en un épaississement, une digestion et une déshydratation. La digestion anaérobique des boues constitue une étape essentielle dans cette filière. Le traitement de méthanisation au digestion anaérobie est utilisé depuis la fin du I9ème siècle pour traiter les boues de stations d'épuration urbaines. La digestion anaérobie est un procédé naturel de transformation de la matière organique que contiennent les boues, par des bactéries en l'absence d'oxygène. Ce type de traitement conduit à la formation d'un biogaz combustible riche en méthane (environ 2/3 et en gaz carbonique (environ 1/3. Les propriétés physico-chimiques du biogaz s'apparentent à celles des gaz naturels fossiles bruts avec les mêmes usages, Selon les cas, ce biogaz peut faire l'objet d'un traitement, plus ou moins poussé, depuis la simple filtration jusqu'à l'épuration pour en faire un gaz naturel normalisé. Le biogaz constitue une source d'énergie renouvelable. L'Algérie a connu, ces dernières années, d'énormes investissements dans !e domaine de la mise en place de stations d'épuration, qui sont, en effet, en nombre ascendant. Ces stations ont des tailles très variées, allant de l'ouvrage conçu pour l'épuration des eaux usées issues de quelques centaines d'habitants, jusqu'aux véritables usines d'épuration des rejets de centaines de milliers de personnes. La station d'épuration de Baraki est de type boues activées à aération à moyenne charge avec une capacité nominale de 900 000 équivalents habitant (EH). Elle s'étend actuellement sur une superficie de 10 km, elle est dimensionnée pour recevoir une quantité d'eau usée estimée à 150 000 m3/j. Le bassin de traitement reçoit les eaux domestiques évacuées de la station de pompage d'El-Harrach (70 %), et 30 % qui arrivent gravitairement dans un collecteur à Baba Ali. Une fois l'eau épurée, elle est acheminée directement pour être versée dans l'oued. La chaîne de traitement est composée de deux lignes : une ligne d'eau (prétraitement mécanique, traitement biologique) et une ligne de boue (épaississeurs, digesteurs" conditionnement). Les boues épaissies sont pompées dans les digesteurs, dont deux primaires et un secondaire dotés d'une capacité totale de 3600 m3/j. Elles y séjournent pendant 21 jours. Les digesteurs sont des enceintes en béton fermées et privées d'oxygène. Le processus de fermentation anaérobie nécessite, pour une bonne activité bactérienne, une température des boues voisine de 37°. Le brassage et le réchauffage du digesteur primaire sont assurés par deux chaudières pour le chauffage de la boue (37°) avec deux échangeurs thermiques et deux brûleurs mixtes (fonctionnant avec le fuel ou avec le biogaz produit par la digestion). Dans ces conditions plusieurs populations bactériennes vont se développer et transformer des substrats organiques complexes (à longue chaîne carbonée) en molécules simples à un seul carbone ; méthane (CH4) et dioxyde de carbone (CO2) formant ainsi le biogaz. Ce dernier est traité et stocké dans un gazomètre ayant pour capacité 3000 m3. La quantité du biagaz produit par cette station est de 2 200m3/j ; l'excès de ce biogaz est brûlé dans une torchère. La station d'épuration des eaux usées de Baraki, équipée de procédés sophistiqués, était mise à l'essai depuis le mois de janvier 2007, avec des capacités de traitement de 250 000 m3 par an à titre expérimental. Elle est dotée d'un encadrement technique en mesure d'aboutir à la réalisation de plans d'actions conçus pour faire face à des situations d'assainissement les plus compliquées. Actuellement en Algérie, c'est une des rares stations à faire fonctionner ses chaudières par son propre biogaz. C'est une expérience très intéressante de l'Algérie vers le développement des énergies renouvelables à partir du traitement et de la valorisation des eaux usées.Les experts algériens rencontrés au sein de la station estiment que celle-ci joue un rôle important en tant qu'opérateur de qualité dans le domaine de la préservation de l'environnement. Les eaux usées ayant été par le passé déversées dans des terrains agricoles seront désormais traitées et transférées au barrage de Douéra qui est en cours de réalisation. "L'agriculture sera, évidemment, le secteur bénéficiaire dans la plaine de la Mitidja ainsi que d'autres activités productives dépendant des eaux à travers les wilayas du centre", affirme un des responsables de la station.