La disparition du vieux Bougie entraînerait la disparition d'un pan de l'histoire et de la culture de Béjaïa La haute ville, ou l'ancienne ville, ou, encore comme aiment la nommer les Béjaouis, Lebled, semble être délaissée par les autorités de wilaya. Les habitations croulent sous le poids de leur âge et où aucun entretien n'a été entrepris depuis des lustres ni par les autorités encore moins par les habitants ; plusieurs affaissements de voies de communication sont enregistrés, c'est le cas de la rue Bouchebah, à proximité de l'ex-tribunal un prestigieux édifice qui risque de s'écrouler vu l'importance du dénivellement de la chaussée, ce qui entraînerait la déstabilisation de tout l'îlot environnant. Selon les travaux publics, cela serait du à la présence d'eau provenant d'une ancienne canalisation endommagée ou d'un oued souterrain. Un cas similaire est enregistré au niveau du boulevard Bouaouina. Le type de travaux est du ressort des services des travaux publics, mais cette situation n'a pas laissé insensibles les services de l'APC de Béjaïa, qui ont décidé d'engager un bureau d'études spécialisé afin de procéder à l'identification et à l'ampleur du sinistre ainsi qu'à donner des solutions afin d'éviter une catastrophe. Pour les services communaux, " les travaux seront engagés dès la finalisation de l'étude ". Quant aux anciens quartiers tels que Bab el Louz, Houmat Karamame, Lebtiha, Kaoua Zoubir et bien d'autres, eux aussi connaissent des dégradations importantes. Les escaliers reliant ces vieux quartiers subissent eux aussi une usure très avancée, nécessitant une réhabilitation. Il faut reconnaître que le vieux Bougie n'a pas bénéficié, jusqu'à ce jour, d'aucune opération ni lifting, ni de réhabilitation, ni encore de sauvetage d'où le risque de tomber en ruine s'accentue et effacerait un pan de l'histoire et de la culture de la ville, surtout qu'une nouvelle culture s'est installée, où des maisons datant de l'époque des Hammadites et des Ottomans, construites à l'aide de matériaux nobles et suivant un style architectural mauresque ont été rasées par leurs propriétaires pour donner naissance à des habitations s'élevant en hauteur. Ce à quoi, les urbanistes et les sociologues avertis avancent que cette nouvelle conception d'architecture entraînerait un préjudice à l'architecture et aux us et coutumes de la ville de Béjaïa. Pour les urbanistes, le risque d'affaissement des voies de circulation parallèles à ces constructions n'est pas à écarter si les immeubles seront érigés le long de ces quartiers ; d'ailleurs, il n'est pas rare que les maisons mitoyennes à ces immeubles déjà construits enregistrent des fissures et une déstabilisation. Quant aux sociologues, l'habitation individuelle et de surcroît l'appartement ont changé le mode de vie de l'Algérien en général et du Bougiote en particulier. D'ailleurs, pour ces sociologues même l'équipement ménager a changé notre art culinaire, d'où la nécessité de sauvegarder les anciennes habitations formant le noyau de la ville afin que la culture de la région ne se confonde pas avec une autre culture. L'appel à la sauvegarde du vieux Béjaïa étant lancé, reste à savoir si cet appel sera entendu par les décideurs. On notera, par ailleurs, que des contacts avec l'organisation de l'Unesco ont déjà eu lieu afin d'élaborer un plan de sauvegarde de la ville de Béjaïa, des contacts où le président d'APC actuel M. A. Bouaouidia a affiché son soutien à ce plan en espérant que celui-ci se réalisera.