Les silos débordent en Inde. On ne sait plus où entreposer le riz et le blé que l'on est contraint de recouvrir de simples bâches à présent, avec le risque de les voir gâtés par les intempéries et les insectes. Depuis avril 2007, plus un grain de blé n'était sorti des frontières indiennes et depuis avril 2008 pratiquement plus un grain de riz. Il faut exclure de cette listes le riz basmati exclusivement destiné aux exportations haut de gamme, rapporte RFI. Ces embargos avaient été décidés après des récoltes catastrophiques mais depuis quatre ans elles sont fastes. Si les autorités de New Delhi ont tant attendu pour reprendre le chemin du marché international, c'est qu'elles ne voulaient pas prendre le risque, en exportant à nouveau les céréales indiennes, d'augmenter les prix intérieurs, alors que les Indiens étaient confrontés à une inflation alimentaire sans précédent. Une inflation à deux chiffres qui ne s'est calmée qu'au printemps. En début de semaine, le gouvernement indien a donc autorisé la vente d'un million de tonnes de blé et de riz dans le cadre d'accords bilatéraux et d'un million de tonnes de riz non basmati par le circuit d'exportation privé, une première depuis trois ans. Le riz indien a toutes ses chances de trouver preneur alors que depuis quelques semaines plus grand est celui de Thaïlande, le premier exportateur mondial : les riziculteurs thaïlandais stockent en attendant de voir les nouvelles autorités de Bangkok tenir leur promesse, à savoir une augmentation du prix garanti de 25 %. Cette perspective a déjà fait passer les prix à l'export du riz thaï de 500 à 600 dollars la tonne. Dans ces circonstances, le riz indien sera compétitif et donc très prisé. En revanche pour le blé, l'Inde a loupé le coche. Il s'est fait doubler par la Russie, qui vient de lever son propre embargo au début du mois, après un an d'absence du marché. La semaine dernière, Moscou a vendu à un prix imbattable ses 500 000 premières tonnes de blé à l'Egypte, à la Tunisie et à la Jordanie mais aussi aux Philippines, qui auraient été un client plus naturel du blé indien.