L'Algérie s'attelle actuellement à mettre en place un système national d'innovation (SNI) à travers, notamment, la création d'agences nationale et régionales d'innovation et des centres techniques en vue de promouvoir le développement économique en Algerie, selon M. Abdelkader Djeflat, professeur à l'Université de Lille et chercheur au Réseau Maghtech qui vient de réaliser une étude, présentée, hier, lors d'un déjeuner débat, organisé au restaurant Tandra de Riadh el feth d'Alger, en présence de Reda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (CFE), de Abdelmadjid Bouzidi , professeur d'économie et membre du Conseil national économique et social (Cnes), d'universitaires, d'économistes et des juristes ainsi que de managers d'entreprises.Les deux projets de loi soumis aux autorités concernées ont été finalement acceptés, dit-il, dans le cadre de la nouvelle politique de développement d'un environnement propice à l'innovation et la croissance économique. Il y a des points forts que recele l'Algérie pour développer, affirme-t-il, un climat favorable aux innovations dans le secteur industriel notamment. " Il y a d'abord le savoir faire algérien important en termes d'accumulation des connaissances. Il reste néanmoins à le codifier ", a-t-il noté, mettant en évidence aussi l'existence d'entreprises publiques et privées performantes, citant le cas de Saidal, Sider, Ceviltal, NCA et Cominox ainsi que l'important réseau des PME qui est, dit-il, en pleine croissance. Et c'est ainsi qu'il recommande la mise en place d'une carte nationale d'innovation en termes de coordination entre les différentes institutions de l'Etat, de partenaires privés et d'entreprises innovantes. Il s'agit en fait de mettre de l'ordre dans le système algérien par plus, dit-il, de coordination et de passerelles entre les institutions de la recherche et développement. Djeflat a relevé que la recherche se porte mieux en Algérie en 2010 car les chercheurs résidents s'impliquent davantage dans l'innovation et le dépôt de brevets d'invention. Mais il préfère les dépôts effectués par des entreprises et agences et non ceux effectués par des chercheurs à titre personnel qui reste peu réalisables en termes de projets industriels. Sous le thème de " défendre l'entreprise ", le conférencier a expliqué qu'il n'existe plus d'autre choix pour l'entreprise que "d'innover ou disparaître ". Ainsi le chercheur a insisté sur l'opportunité pour les entreprises de s'orienter vers le créneau de l'innovation, la recherche et le développement pour se maintenir dans le marché national et faire face à la mondialisation de plus en plus menaçante. L'innovation n'est pas donc un choix pour l'entreprise, explique-t-il, mais un impératif pour elle, si elle désire affronter la concurrence internationale. Il a fait remarquer que l'Algérie se situe, pour l'instant, à la périphérie des innovations. "L'innovation reste pour l'instant limité en Algérie ", estime-t-il, soulignant que l'innovation n'est pas néanmoins, la chasse gardée des chefs d'entreprise seulement, mais que les travailleurs peuvent aussi contribuer à l'innovation au sein de leurs entreprises, a-t-il ajouté. Qui dit innovation, dit brevets d'invention certes. Mais innovation ne signifie pas invention, nuance-t-il, mettant en évidence l'exploitation commerciale, quand on parle d'innovation. La Corée du Sud arrive à produire, dit-il, 60 à 70 brevets d'invention par an. Ce qui reste insuffisant ; mais elle a enregistré 23 000 brevets au jour d'aujourd'hui ; alors qu'elle n'avait au démarrage de sa politique de croissance en 1975 que 231 brevets produits par des résidents coréens. Le financement de l'innovation est essentiellement publique en Algérie ; or ce n'est pas le cas dans les pays développés où le financement est plutôt d'essence privée. Il faut faire basculer cette tendance de financement vers le secteur privé, recommande-t-il, mettant en exergue la recherche de la voie et des moyens judicieux d'y parvenir. M Abdelkader Djeflat n'a pas manqué de soulever une autre question qui freine l'innovation en Algérie. " Il s'agit des capacités d'absorption des fonds destinés à la recherche qui ne sont que de 33 % en Algérie ", relève-t-il dans l'étude réalisée par le Resau Maghtech, une association de chercheurs maghrébins dont il fait partie. Il a également enregistré que plus de 50 % des accords de partenariats signés entre les entreprises et les universités sont de caractère formel. Ce qui n'encourage pas l'innovation au sein des entreprises. Revenant sur la mise en place d'un système algérien d'innovation, le chercheur a souligné les conditions nécessaires pour un vrai décollage économique de l'Algérie, présenté comme un plan Marshall de l'innovation en Algérie.Il s'agit d'abord de conforter tout ce qui a été fait comme recherches et innovations et de corriger les errements. Tout comme il a insisté sur l'évolution de l'appareil judiciaire et du statut du chercheur. "Les ingrédients d'un acte d'innovation réussie en Algérie supposent la présence de l'Etat qui est toujours importante, une stratégie de protection de l'innovation, le transfert de technologie et la coopération ainsi que la nécessité de répondre à des besoins exprimés par les entreprises et le marché ", propose-t-il comme recommandations à la fin de sa conférence.