Les stress tests des banques européennes montrent que huit banques seulement ont des manques de fonds propres et les autres se portent bien alors qu'aujourd'hui plusieurs d'entre elles ne sont plus capables d'emprunter sur les marchés des capitaux à des taux concurrentiels. Ainsi, l'Europe a autorisé la Hessische Landesbank à ne pas faire connaître ses chiffres très mauvais parce que le Land de Hesse n'aime pas de se voir déculotter en public pour mauvaise gestion ou pire. Helaba est la seule banque allemande dans le lot des banques en déficit de fonds propres. L'Europe vient de franchir un pas dangereux pour sa crédibilité : si au cours des premiers stress tests, il y a deux ans, elle avait refusé de voir la situation en face, l'Autorité bancaire européenne annonçait des tests plus sévères, alors que la situation est infiniment plus grave. Elle a accepté de camoufler une situation infiniment dangereuse pour une partie de son système bancaire. Il ne s'agit évidemment pas de 2,5 milliards d'euros : l'encours de la dette sur les trois pays les plus menacés " Portugal, Grèce et Irlande " représentent environ 100 milliards d'euros pour les seules banques européennes, et au moins le même montant pour la Banque centrale européenne. L'amortissement à la valeur réelle de ces encours représenterait une charge de 50 à 70 milliards d'euros qu'on se refuse même à tester. Le lobby bancaire est passé par là. Par cela, l'Europe vient de franchir un pas décisif dans la crise, pour tenter désespérément de camoufler le coût de son indécision, elle vient de commettre une erreur : les stress tests ne tiennent même pas compte des pertes de valeur actuelles, moins encore, d'une détérioration probable de la situation. Alors que l'Italie et l'Espagne entrent dans une phase critique qui pourrait en entraîner d'autres, on ne tient même pas compte des 300 milliards d'euros détenus par les banques européennes sur ces deux pays. Pour camoufler leur incompétence et leur manque de courage, les instances européennes viennent de commettre un faux. Si l'une des banques qui se porte bien venait à faire faillite, l'Europe risque d'être poursuivie pour faux en écritures. Les agences de notation en perdent la raison, mais la culpabilité se situe à la Commission européenne et auprès des chefs d'Etat, de gouvernement et des gouverneurs de Banques centrales de Euro zone. Les pays qui ont récemment rejoint l'Union sont, à juste titre, outrés de voir que ceux qui leur ont fait la vie dure pour les accepter en leur sein se sont comportés comme des gestionnaires irresponsables. La même critique dépasse largement les frontières de l'Europe où se situent des créanciers importants. Les commentaires ne se sont pas fait attendre : ce résultat, selon le Financial Times, jette un doute sur une " exercice qui n'est pas assez dur pour restaurer la confiance des investisseurs dans le système financier de l'Eurozone ". Et de conclure que " l'Union Européenne a failli à ses propres tests ". Cela veut dire qu'ils jouent avec le feu alors que la contagion a commencé à montrer le bout de l'oreille. Les investisseurs ne s'y sont pas trompés. Les actions des banques européennes sont en baisse, ils devraient massivement vendre des titres souverains et des actions et obligations de banques européennes. L'Autorité bancaire européenne (ABE) ne se rend même pas compte du ridicule de son affirmation qui justifie ces tests non-stressés comme un " moyen de pression sur vingt banques à effectuer des augmentations de fonds propres ". Cette affirmation accuse l'ABE de prolonger le déni des tests d'il y a deux ans. Pas de référence à l'impact global de la crise de l'Euro zone. Nous savons pourtant que le " rééchelonnement " de la dette grecque, à elle seule, imposera des charges aux banques européennes. Cette quasi-certitude ne fait même pas partie des scénarios inclus dans les tests.