Une erreur de calcul à 2 000 milliards de dollars commise par l'agence de notation est à l'origine de la dégradation de la note de la dette américaine. Dans les calculs sur lesquels la Standard & Poor's s'est basée pour dégrader la note de la dette américaine, l'agence a compté deux fois une projection de dettes de plus de 2 trillions de dollars. Une erreur qui sera d'ailleurs reconnue indirectement par S&P's, qui modifiera sont rapport après l'avoir ficelé. Mais elle a maintenu l'appréciation sur la dégradation de la note américaine. La riposte de l'administration Obama ne s'est pas fait attendre. "La taille de cette erreur, et la rapidité avec laquelle S&P a changé sa justification principale quand on lui a présenté cette erreur, soulèvent des questions fondamentales sur la crédibilité et l'intégrité de la décision prise par S&P sur cette note", relève l'un des responsables du Trésor américain, sur le blog officiel du ministère. "S&P a reconnu cette erreur", a rapporté M. Bellows, mais "n'a pas estimé qu'une méprise de cette ampleur suffisait pour justifier de réexaminer son jugement, ou même de se donner un jour supplémentaire pour réévaluer soigneusement l'analyse". A cet effet, une rencontre avait eu lieu dans la matinée de vendredi et a regroupé les représentants du Trésor et les membres de Standard & Poor's, et ce au terme d'une présentation en avant-première des conclusions de l'agence de notation. Des sources gouvernementales avancent que dans une première version de son communiqué Standard and Poor's évoquait d'abord les projections de déficit budgétaire et de dette publique. En revanche, la version finale débute par les "risques politiques", et renvoie ces chiffres en fin de communiqué. Les médias américains qui ont commenté hier l'évènement n'y sont pas allé de main morte. Si pour le Washington Post, la dégradation est donc "autant une critique politique qu'une conclusion financière", il n'en demeure pas moins que le New York Times estime que la décision de Standard & Poor's a pris l'administation Obama par surprise. "Des discussions entre l'administration et l'agence de notation montrent que leurs perceptions respectives étaient très différentes sur la possibilité réelle d'une dégradation. Standard & Poor's affirme que ses intentions étaient claires depuis des mois : elle dégraderait la note si le gouvernement ne mettait pas tout en oeuvre pour réduire la dette. L'administration affirme en revanche qu'elle a été prise de court, note dans ses colonnes le quotidien. La Maison-Blanche qui a fait preuve d'un silence déconcertant durant plusieurs heures, a fini par réagir à la notation de l'Agence, réfutant la dégradation. Dans un bref communiqué du porte-parole de Barack Obama, publié samedi dernier, la Maison Blanche appelle à poursuivre "les efforts bi-partisans" entrepris pour réduire la dette du pays , mais ne dit pas un mot de la dégradation annoncée au préalable par la Standard & Poor's. "Au cours des prochaines semaines, le président encouragera fortement le comité spécial bipartite ainsi que tous les membres du Congrès à mettre notre engagement commun pour une forte reprise et un avenir budgétaire assaini au-dessus des différences idéologiques et politiques", ajoute le communiqué. Cependant, il semblerait que les républicains n'entendent pas laisser le président des Etats-Unis ignorer la dégradation, et comptent capitaliser sur l'annonce de Standard & Poor's - et le silence de la Maison-Blanche. Lors d'un meeting animée dans l'IOWA la député républicaine, Michele Bachmann, n'est pas passée par mille chemins pour marteller publiquement : "C'est arrivé pendant votre quart, monsieur le président. Vous étiez absent." Sans commentaire.