L'Italie s'inquiète pour son approvisionnement en gaz. Le P-dg du géant pétrolier italien ENI vient de se rendre à Tunis à la suite d'une tentative d'attentat contre le gazoduc qui achemine le gaz algérien vers la Sicile.Pour la compagnie ENI, contrôlée par l'Etat italien, l'approvisionnement en gaz d'Afrique du Nord ne tient presque plus qu'à un fil. En effet, avec l'embrassement de la Libye en février dernier, le géant italien des hydrocarbures a dû se résoudre à fermer ses sites de production sur place et notamment le pipeline GreenStream qui acheminait le gaz libyen vers la Péninsule. Tripolo était jusque-là le troisième fournisseur en gaz de l'Italie, après la Russie et l'Algérie. Aussi, les deux explosions le 19 juillet dernier qui ont visé le gazoduc Transmed à Zaghouan, au sud de Tunis, n'ont pas manqué d'inquiéter. C'est en effet par ce pipeline que l'Italie fait venir son gaz d'Algérie. Selon des sources ministérielles tunisiennes, il s'agirait d'une tentative de sabotage, qui n'a cependant fait aucun dégat humain ou matériel. Le gazoduc a continué de fonctionner normalement, selon le ministère de l'Intérieur à Tunis, qui aurait ouvert une enquête. Le P-dg d'ENI, Paolo Scaroni, s'est en tout cas rendu personnellement à Tunis lundi pour s'entretenir avec le ministre tunisien de la Technologie, Abdelaziz Rassaa. La rencontre a donc été l'occasion d'aborder des questions sécuritaires liées aux infrastructures. Affaibli par la crise libyenne Le gazoduc Transmed fourni du gaz naturel algérien à l'Italie depuis 1983 à raison de 30 milliards de m3 par an. Et il devient de plus en plus crucial pour la fourniture en gaz de la péninsule, sachant que nombre de ses centrales électriques fonctionnent justement au gaz. Avec la crise libyenne ENI a vu sa production décliner de 15% au deuxième semestre de 2011 par rapport à l'année précédente, selon un rapport publié fin juillet. La fermeture du pipeline GreenStream lui a valu la perte de 9 milliards de m3 de gaz acheminés annuellement au marché européen. Mais le groupe a déclaré dans un communiqué qu'il était " toujours capable de satisfaire la demande en gaz de ses clients ", notamment grâce à l'exploitation de nouveaux puits. Nouveau projet en Tunisie Cela pourrait être le cas bientôt en Tunisie même. La visite de Paolo Scaroni à Tunis a en effet permis au géant italien et au gouvernement tunisien de renforcer leur coopération autour de nouvelles activités de production en Tunisie. Elle prévoit notamment la construction d'un gazoduc pour acheminer l'énergie extraite des puits de la région de Gabès, dans le sud du pays. Le contexte post-révolutionnaire marqué par un ralentissement économique et des tensions sociales ne semble pas dissuader de développer de nouveaux projets en Tunisie. Les pays d'Afrique du Nord sont en effet des partenaires de taille du groupe italien qui y détenait 35% de ses réserves prouvées de gaz en 2006. Ahmed Saber