ébranlés par la crise, les marchés financiers attendent avec impatience la réunion au sommet entre l'Allemagne et la France, aujourd'hui, qui doit les rassurer sur la situation dans la zone euro. Mais sans illusions quant à l'annonce de mesures concrètes. Les Bourses européennes ont terminé en hausse, hier, dans le sillage de Wall Street. Paris a ainsi clôturé en hausse modérée de 0,78%, Londres de 0,57%, Madrid de 0,71%, Francfort de 0,41%, et la Bourse suisse de 1,37%, soutenus par l'ouverture en hausse de Wall Street. Vers 17h30, le Dow Jones gagnait, en effet, 0,82% et le Nasdaq+0,46% (les Bourses de Milan et d'Athènes étaient, elles, fermées pour cause de jour férié). Vendredi, les Bourses européennes avaient déjà fortement rebondi, limitant ainsi leurs pertes sur la semaine. Les marchés attendent, de fait, beaucoup de la rencontre, aujourd'hui, à Paris, entre NicolasSarkozy et Angela Merkel pour échanger sur la gouvernance dans la zone euro et se mettre d'accord sur des positions communes. Cette réunion constitue un rendez-vous crucial pour les marchés qui craignent que la dette colossale aux Etats-Unis et en Europe ne condamne la croissance. ESPOIRS DEJA DOUCHES Un porte-parole d'Angela Merkel a toutefois déjà douché les espoirs des marchés en avertissant qu'il ne fallait pas attendre du sommet une issue "spectaculaire". D'autant que le thème des euro-obligations, réclamés par certains, ne sera pas abordé au sommet. L'émission de telles obligations, dont le taux serait une moyenne de ceux auxquels les différents pays membres de la zone euro se financent, aurait été évidemment défavorable au meilleur élève de la zone euro: l'Allemagne. Mais elle aurait permis aux pays les plus fragiles, comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal, de se refinancer dans de bien meilleures conditions. En outre, l'élargissement du Fonds européen de stabilisation financière, qui permet de voler au secours des pays les plus en difficulté et dont le rôle a été renforcé en juillet, ne sera voté par les Parlements nationaux qu'à partir de fin août. GARDE-FOUS Mais cette rencontre reste d'autant plus importante que ni le sommet européen du 21juillet sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce, ni les déclarations politiques du G20 ou G7, ces dernières semaines, n'ont suffi à rassurer les marchés. Pour la plupart des analystes, l'objet de ce sommet est avant tout de discuter des garde-fous plus ou moins contraignants à mettre en place pour limiter l'endettement des pays de la zone euro, dans le cadre d'un éventuel renforcement du pacte de stabilité. SAUVER LA ZONE EURO "La réunion ne va probablement pas déboucher sur des accords décisifs, mais elle permettra au moins de montrer que les politiques sont déterminés à sauver la zone euro", explique Jane Foley, analyste chez Rabobank. Reste que le monde financier demande toujours plus aux dirigeants, ce qui fait dire à Thomas Mayer, économiste en chef de la Deutsche Bank, que "les marchés sont beaucoup plus rapides que la politique", voire qu'ils la mènent "par le bout du nez". Pour éviter cette escalade et aller au-delà des réponses à court terme, nombre d'analystes estiment qu'une Europe davantage intégrée est le moyen le plus sûr de déjouer la crise de la dette et sa contagion.