La Finlande a menacé de se retirer du plan d'aide à la Grèce si son exigence d'obtenir des collatéraux en échange de ses prêts n'était pas satisfaite, a prévenu, avant-hier, le Premier ministre finlandais. Interrogé pour savoir si la Finlande pourrait se retirer dans le cas où les collatéraux lui seraient refusés, Jyrki Katainen a répondu: "Oui". "Bien sûr, l'accord sur les collatéraux conclu entre la Finlande et la Grèce ne doit pas bloquer le plan d'aide à Athènes, mais dans tous les cas nous exigeons ce collatéral", a dit le Premier ministre. "Notre parlement a décidé que nous devions l'exiger comme condition de notre participation", a-t-il ajouté. L'accord conclu entre Athènes et Helsinki peut néanmoins faire l'objet de modifications, a-t-il reconnu, ajoutant que la Finlande continuait de débattre à ce sujet avec d'autres pays utilisant la monnaie unique. Une ministre allemande, également vice-présidente du Parti chrétien démocrate de la chancelière Angela Merkel, avait soutenu auparavant l'idée de conditionner à l'avenir l'octroi des fonds de sauvetage européens à des garanties financières, des propos dont Berlin a promptement cherché à se démarquer. "Plusieurs Etats font de gros efforts pour honorer le service de leur dette. Ceci doit être salué. Mais pour maintenir ces efforts sur le long terme, il faut du collatéral", a jugé la ministre du Travail Ursula von der Leyen, sur la chaîne de télévision publique ARD. La ministre a suggéré que ces collatéraux prennent la forme de réserves d'or ou de participations dans des entreprises industrielles publiques. Ces propos ne reflètent pas la position du gouvernement allemand, a-t-on rapidement déclaré de source gouvernementale. Ces déclarations ont pesé sur les Bourses européennes qui ont clôturé la séance en ordre dispersé. "La menace du Premier ministre finlandais de sortir du plan d'aide à la Grèce si celle-ci ne garantissait pas ses emprunts par des collatéraux explique le reflux des Bourses dans un contexte de grande morosité et de croissance plus que molle", a dit un vendeur. EFFET BOULE DE NEIGE La demande de la Finlande a déclenché de vifs remous à travers la zone euro. L'Autriche, les Pays-Bas ou la Slovaquie ont notamment réclamé de pouvoir bénéficier du même traitement. Or cette multiplication des demandes d'un collatéral attaché aux prêts consentis à la Grèce constitue "un développement négatif" susceptible de compliquer la mise en œuvre du plan de sauvetage à Athènes, a estimé mardi l'Institut de la finance internationale (IFI). "Une complication serait qu'un ou deux pays obtiennent avec la Grèce un accord sur un collatéral, puis que d'autres pays souhaitent la même chose, et que cela rende tout le processus plus difficile, a déclaré Hung Tran, vice-directeur général de l'IFI. Moody's avait déclaré lundi que des accords bilatéraux sur la mise en place de collatéraux attachés aux prêts consentis à la Grèce seraient négatifs pour la note de crédit d'Athènes et celle des autres pays aidés. La recherche de tels accords risque en effet de retarder le déblocage de la tranche suivante de l'aide à Athènes et de précipiter un défaut, soulignait l'agence. En outre, la prolifération d'accords sur des collatéraux limiterait la disponibilité des fonds pour les futurs programmes. Jyrki Katainen a par ailleurs répété l'opposition de son pays, qui bénéfice d'une notation triple-A, à la création d'euro-obligations.