Le plan imposera au pays de «grands sacrifices» et une «grande épreuve», a prévenu M.Papandréou, «ce sont des sacrifices durs, mais nécessaires (...) sans lesquels la Grèce ferait faillite». La Grèce surendettée va bénéficier d'un plan de sauvetage commun UE-FMI de 110 milliards d'euros, sans précédent dans le monde par son ampleur, en contrepartie d'une cure d'austérité impliquant de douloureux sacrifices pour la population dans les années à venir. Un accord sur le versement de cette enveloppe a été conclu dimanche à Bruxelles pendant une réunion des ministres des Finances de la zone euro. «Nous avons décidé aujourd'hui d'activer le plan de soutien» en faveur de la Grèce, a déclaré leur chef de file Jean-Claude Juncker. «Le programme financier met 110 milliards d'euros à disposition de la Grèce sur trois ans pour lui permettre de faire face à ses obligations, les Etats de la zone euro contribuant à hauteur de 80 milliards d'euros, dont 30 milliards d'euros au cours de la première année» 2010, à un taux moyen de 5%, a-t-il dit. L'instance dirigeante du FMI doit encore approuver officiellement sa participation de 30 milliards d'euros «dans la semaine», a annoncé son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, dans un communiqué. Mais son feu vert ne fait aucun doute. Dès cette année, la Grèce va percevoir 45 milliards d'euros de prêts. Les premiers versements interviendront «d'ici au 19 mai», date d'une échéance importante des autorités grecques pour refinancer la dette de leur pays sur les marchés. Cette enveloppe vise à éviter la banqueroute à la Grèce, confrontée à une dette colossale de plus de 300 milliards d'euros et dans l'incapacité aujourd'hui d'emprunter sur les marchés financiers. Ceux-ci exigent d'elle des taux d'intérêt trop élevés (près de 9%). Les chefs d'Etat ou de gouvernement de la zone euro ont encore décidé de se réunir en sommet extraordinaire vendredi 7 mai à Bruxelles «pour boucler la procédure» et «tirer les premières leçons» de la crise, selon un communiqué, mais ils ne reviendront pas sur le feu vert donné par leurs ministres, a assuré M.Juncker. Ils devraient concentrer leurs débats sur les moyens de renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro à l'avenir. Le plan de sauvetage international est d'un montant «sans précédent au niveau mondial», a déclaré dimanche le Premier ministre grec Georges Papandréou. Le président américain Barack Obama s'est félicité de «l'ambitieux programme de réforme», dans un appel téléphonique à M.Papandréou, selon la Maison Blanche. Le plan dépasse par son importance les programmes mis sur pied dans le passé pour l'Argentine, le Mexique ou pendant la crise asiatique à la fin des années 1990. L'Europe a traîné des pieds, mais elle n'avait plus le choix pour éviter la faillite à la Grèce, emportée dans une tourmente financière depuis le début de l'année après avoir maquillé l'ampleur réelle de ses déficits. Il s'agit aussi d'empêcher une contagion de la crise, au Portugal ou à l'Espagne notamment, qui ferait vaciller toute la zone euro. L'Allemagne, après avoir longtemps renâclé, a finalement accepté de payer. Elle fournira la contribution la plus importante sur trois ans, soit 22,4 milliards d'euros. «Il est de notre devoir de défendre la stabilité de la zone euro dans son Ensemble», a dit à Bruxelles son ministre des Finances Wolfgang Schäuble. «C'est un exercice clair de solidarité que nous menons», lui a fait écho sa collègue française Christine Lagarde. Le ministre finlandais des Finances Jyrki Katainen a fait valoir que la Grèce était «un pays comparable à Lehman Brothers» la banque américaine à l'origine de la crise financière mondiale. «Si elle chutait, cela ébranlerait énormément l'économie européenne», a-t-il relevé. Le feu vert au programme de prêts intervient après un accord négocié avec Athènes pour appliquer dans le pays une cure d'austérité d'une dureté inédite. Le plan imposera au pays de «grands sacrifices» et une «grande épreuve», a prévenu M.Papandréou, «ce sont des sacrifices durs, mais nécessaires (...) sans lesquels la Grèce ferait faillite». La pilule s'annonce amère pour les Grecs dont le pouvoir d'achat est déjà entamé par la récession. Et la population n'est peut-être pas au bout de ses peines car la Banque centrale européenne a laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures d'économies.