Ce n'est pas tous les jours que l'on devrait dire que le front social est une menace permanente pour la stabilité du pays, plutôt pour celle du pouvoir. Et pourtant, cette menace, peut-être pas tout le temps visible, est une donnée permanente. L'UGTA aura à démontrer durant la tenue de la tripartite que l'instabilité n'est pas une fatalité. Mais, que devrait-elle faire et que pourrait-elle faire de ce qui pourrait convaincre les travailleurs qu'ils ne seront pas des laissés pour compte et les chômeurs de leur rendez-vous avec un emploi classé " CDI " et non un emploi précaire. Dans un pays où pendant longtemps, il a été claironné que l'emploi est un droit, il parait comme une régression ou un déclin de notre économie quand les pouvoirs publics changent de discours pour faire admettre qu'à l'époque actuelle et pour toujours tous les emplois sont devenus précaires. Serait-ce la faute des travailleurs si tout est précarisé ? Certainement que les travailleurs n'y sont pour rien lorsqu'il est invoqué l'argument du lien des augmentations salariales à la productivité hors hydrocarbures. La question se pose de savoir pourquoi il n'y a pas de productivité suffisante hors secteur des hydrocarbures. Certainement que les salariés n'y sont pour rien. Ils ne sont également pour rien dans la gestion socialiste des entreprises, ni même dans l'option de libéralisation. Au regard des différentes formes éprouvées de menaces qui pèsent sur le front social, alors qu'ont été maintes fois organisées des " tripartites " et des bipartites, peut-on dire qu'il ne faudrait imputer la permanence du mécontentement qu'aux insuffisances ou plutôt à la faiblesse du dialogue social qu'à la productivité dont on parle tant et qu'on n'a jamais rencontrée. Ils ne sont également pour rien dans la décision de casser le monopole sur le commerce extérieur et du fait que ce n'est pas fait en faveur du secteur de la production, et ceux qui en ont été les acteurs agissent plus en hommes d'affaires qu'en " industriels ". Dès lors qu'on a cassé le monopole sur le marché extérieur pour transférer cette mission étatique plutôt à des hommes d'affaires qu'aux entreprises privées qui investissent dans la production, dès lors que cette décision a favorisé l'enrichissement sans transfert de technologie qu'implique la nature des importations concernées , une concurrence entre importateurs et non entre producteurs, dès lors qu'ainsi est créée une classe d'opérateurs économiques, ou plutôt d' "opérateurs commerciaux " et dès lors qu'ainsi est indiquée la voie la meilleure pour un enrichissement facile, rapide et sans risque, il est normal qu'il ne faudrait pas s'attendre à une productivité pouvant soutenir les augmentations salariales.