Nous sommes dans une situation où le nombre d'emplois à durée indéterminée devrait être hautement supérieur à celui à durée déterminée, d'où la précarité qui menace une grande partie des travailleurs. Les syndicats existants parlent d'amélioration des salaires, ce qui est normal, et menacent même de recourir à nouveau à la grève, (ils y recourent déjà de toute façon), si les pouvoirs publics n'accèdent pas à leurs revendications. De toute façon, les émeutes autour de revendications socioéconomiques et non pas politiques, sont à prendre au sérieux car elles ne concernent certainement pas le pouvoir d'achat que procurent les emplois. Dans la situation actuelle où on parle de plus en plus de la nécessité de mettre le pays à l'abri d'une explosion sociale, dont certains disent que celle-ci pourrait s'élargir et s'approfondir, l'accent ne semble pas être mis davantage sur l'emploi, du fait que les négociations entamées au sein de la tripartite concernent plutôt les salaires et accessoirement le pouvoir d'achat qui en découle. Il s'agit ainsi de traiter de la couche des populations qui ont un emploi et donc un revenu, quand bien même celui-ci serait estimé en deçà de sa capacité à assurer à son auteur et sa famille de bonnes conditions de vie. Il est déjà arrivé que des manifestations amènent les autorités et parmi elles les plus hautes, à recevoir les plaignants et à engager le dialogue, ou plutôt les négociations, autour de propositions à étudier en vue de trouver des solutions concertées sur une nouvelle politique de création d'emplois. Il est quand même paradoxal que les partis politiques ne développent pas de discours sur le chômage, l'emploi alors que ce sont pratiquement les personnalités réputées non partisanes et qui avaient exercé des misions de pouvoir qui en parlent le plus. Passe pour les partis de l'alliance qui peuvent affirmer que ce que fait le gouvernement représente leur stratégie en la matière. Les partis de l'opposition n'en parlent même pas, sauf pour dire que la politique mise en œuvre ne réussira pas. Cependant, ils disent tous que la priorité est celle de la mise en œuvre d'une politique très active d'aide au petites et moyennes entreprises. La catégorie des populations qui n'accède pas à un emploi plus particulièrement stable et qui pourrait sortir d'une certaine façon de la précarité si elle pourrait y accéder n'est pas intégrée dans les négociations ou plutôt les rencontres tripartites. Prioriser la préservation du pouvoir d'achat en jouant à la fois des augmentations salariales et du contrôle des prix, prioriser plutôt la création d'emplois pour assurer un minimum de distribution des revenus à ceux qui n'en n'ont pas du tout, progresser simultanément sur ces deux voies. Voilà des voies empruntées par le gouvernement mais pas par des associations qui devraient prendre en charge les questions de chômage. En l'absence d'organisations luttant contre le chômage, la question du chômage devrait au moins intéresser et mobiliser en permanence l'ensemble de la classe politique. Il est fort dommage que n'existe pas un organisme qui, à partir du chiffrage des programmes économiques que proposent les partis à l'occasion de l'élection présidentielle ou des élections législatives, et à partir des simulations de leur application, nous restitueront les résultats qui auraient à être enregistrés à la fin de leur échéance en même temps qu'ils nous indiqueront la source des sommes allouées à ces programmes, les taux d'inflation qui en résulteraient et les implications sur le pouvoir d'achat des populations. Le Ceneap et le Cnes seraient bien avisés de s'intéresser à intégrer de telles simulations parmi leurs missions, ce qui rendrait bien des services aux partis eux même et aux populations qui seraient ainsi plus éclairées pour effectuer leur choix électoral, et ce, en l'absence de structures étatiques ou privées de prospective économique. Avec de telles structures, il sera mis en lumière les politiques dont il sera démontré si elles dépassent le stade des conjonctures ou qu'elles sont définies sur le long terme. Comment faire fonctionner une politique économique libérale dans un pays pas tout à fait prêt à entrer dans un environnement international de forte concurrence, préserver nos chances de disposer d'une industrie nationale dans un contexte où le processus de privatisation ne va pas emprunter une voie à grande vitesse ? Autant de questions qui mériteraient bien des réponses de la part de ceux qui aspirent à accéder au pouvoir pour appliquer leur programme économique. Comment la faire fonctionner quand notre économie se trouve encore sur la passerelle qui rejoint les deux rives, celle de l'économie dirigée de laquelle nous nous éloignons laborieusement et celle de l'économie de marché qui est encore difficile à atteindre dans le court terme. Les réformes économiques globales et l'adaptation des mentalités participent de cette transition.