Quatre films algériens seront dès le 05 octobre prochain à l'affiche du jeune Mapping subjectivity, une rencontre cinématographi-que américaine dédiée aux images du Sud, et qui en est à sa deuxième édition. C'est l'indéclassable "Chronique des années de braise" (Chronicle of the Years of Fire) de Mohamed Lakhdar Hamina, qui ouvrira le bal de ce rendez-vous qui dure jusqu'au 23 octobre prochain et qui se déroulera au "Roy et Niuta Titus" du Musée d'Arts modernes à New York, (MOMA). C'est l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) dont on dit qu'elle est bourrée de fric qui a fait la sélection de ce film lauréat de la palme d'Or à Cannes en 1975, et c'est son directeur Mustapha Orif qui accompagnera le réalisateur, Lakhdar Hamina, Outre-Atlantique. La projection de ce film se fera bien entendu en présence des deux algériens, le 05 octobre prochain. Plus d'une vingtaine de films arabes, seront projetés tout au long de ce rendez-vous où sont programmées trois autres œuvres algériennes à savoir, " Combien je vous aime" de Azzedine Meddour qui ne peut pas partir à New York puisqu'il est sous terre, et "Tahia ya didou" de feu Mohammed Zinet, et " Gabbla " de Tariq Teguia qui vit à l'étranger. Il faut savoir que "Mapping subjectivity : l'expérimentation dans le cinéma arabe, des années soixante (1960) à nos jours" est un projet culturel né de la collaboration entre le Musée des Arts modernes de New York et ArtEast, agence internationale spécialisée dans la promotion des artistes contemporains de la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (Mena). Le but de cette initiative est de comprendre le cinéma arabe des années 60 à nos jours, en faisant découvrir des œuvres à la fois personnelles, inédites et pathétiques. L'Algérie semble un convive incontournable dans cette manifestation qui a seulement deux ans d'âge ; l'édition de 2010 qui s'est déroulée le 28 octobre a vu la projection de trois longs métrages algériens. Selon le communiqué de presse, "la programmation des quatre films algériens à la manifestation Mapping subjectivity est le fruit de la collaboration entre l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, Jytte Jensen, responsable du département cinéma du Musée des Arts modernes de New York et Rasha Salti, directrice artistique de l'agence ArtEast." Lakhdar Hamina toujours sous les projecteurs L'œuvre de Mohamed Lakhdar Hamina, le cinéaste qui est rentré par la grande porte dans l'histoire du 7e art, continue d'intéresser les rendez- vous cinématographiques du monde. Premier africain et arabe à avoir raflé la Palme d'or au Festival de Cannes (1975), ce cinéaste n'a malheureusement rien tourné depuis des lustres. Festivals, journées cinématographiques et autres rendez-vous continuent à s'intéresser à la Palme d'or, Chronique des années de braise, et un hommage appuyé est régulièrement rendu à cet homme de l'image. Au Festival international du film du Caire, Cork Film Festival 2007 en Irlande, qui a rendu hommage en sa présence, Canal 75, une chaîne du câble desservant les cinq arrondissements de la ville de New York avait proposé durant les mois de novembre et octobre, pas moins de cinq films algériens dont Chronique des années de braise. Cette série de cinq films a auparavant été montrée en avril sous l'intitulé de Algeria Through Its Own Eyes (L'Algérie par ses propres yeux). En 2003, c'est lors du plus grand festival au monde, Cannes, que la version remastérisée du même film a été proposée. La 60e édition du Festival lui a rendu un nouvel hommage, lors d'une " Journée Algérie " (24 mai). En mars 2007, c'est l'Institut du Monde arabe à Paris qui proposait un cycle de projections en hommage au cinéaste. L'un des premiers films, Le vent des Aurès avait, en 1965, raflé le Prix de la Première œuvre à Cannes. Longtemps sous les projecteurs, Mohamed Lakhdar Hamina qui a dirigé pendant plusieurs années, le défunt CAAIC, s'est éclipsé de la scène cinématographique et artistique. Son come-back, il ne le fait jamais avec une quelconque production, mais avec ses anciens films. Dix ans auparavant, Le Vent des Aurès était déjà récompensé du Prix de la première œuvre à Cannes. Dans ce film, une mère erre de camp de détention en casernement de l'armée française à la recherche de son fils arrêté. Avec cette fiction qui emprunte son thème à la vie de son propre père, le cinéaste signait une œuvre au réalisme poignant, traversée par l'interprétation de Keltoum. Ce premier long métrage sera suivi de Hassen Terro, une comédie qui déplace les foules et fait la part belle à Rouiched dans le rôle d'un héros malgré lui. Dans Décembre (1971) ensuite, où Sid Ali Kouiret tient tête à Michel Auclair dans le rôle de l'officier français qui le soumet à la " question " et l'interroge. De retour en Algérie, où il est nommé directeur de l'Office pour le commerce et l'industrie cinématographiques (ONCIC) en 1981, Mohamed Lakhdar Hamina tourne Vent de sable, une ode dédiée aux femmes. Le film était en sélection officielle à Cannes. Avec La Dernière image enfin, qui est, à ce jour, son dernier long-métrage, tourné en 1986, il revient à son histoire personnelle à travers l'arrivée d'une jeune institutrice française dans un village algérien, à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. Né en 1934 à M'Sila, le jeune Lakhdar Hamina a poursuivi une scolarité remuante en Algérie et en France, avant d'être incorporé dans les rangs de l'armée française, de déserter et de gagner Tunis en 1958.