L'aggravation ultérieure de la crise en Syrie pourrait déstabiliser le Liban et plonger dans le chaos l'ensemble de la région, a déclaré, hier, le Premier ministre libanais Nadjib Mikati. "N'importe quelle explosion de la situation en Syrie aboutirait à celle de la région, et le Liban se trouve dans une situation très difficile", a indiqué M.Mikati. Selon les analystes, l'escalade de la violence en Syrie qui menace de dégénérer en guerre civile en cas de chute du régime de Bachar al-Assad peut s'étendre au Liban voisin, dont la scène politique est divisée en sympathisants et adversaires du régime en place à Damas. Depuis le début des manifestations antigouvernementales en Syrie, les représentants de ces deux camps libanais adverses se sont déjà plus d'une fois confrontés dans les rues. Aussi, a indiqué M.Mikati, le Liban est-il très prudent dans le choix de sa position face aux événements en Syrie, n'importe quelle prise se position pouvant perturber la stabilité précaire dans le pays. Quant à l'évolution de la crise syrienne, le Premier ministre libanais a supposé qu'elle serait longue et imprévisible. Des heurts font au moins 19 morts dans la province de Hama Au moins 19 personnes ont été tuées, avant-hier, dans des affrontements dans la province de Hama et dans la région de Homs, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Plus de 250 chars sont entrés à Rastane, une ville où l'armée et des déserteurs s'affrontent depuis quatre jours. "Huit civils ont été tués vendredi dans la région de Homs", par les balles des forces de sécurité ou au cours de perquisitions dans plusieurs quartiers de la ville et des localités alentours, a annoncé l'OSDH, basé au Royaume-Uni. "Cinq civils et six militaires et agents de sécurité ont été tués aujourd'hui dans le village de Kafar Zita, dans le gouvernorat de Hama, dans des affrontements qui ont opposé des soldats et des agents de sécurité d'un côté, et des déserteurs de l'autre", a ajouté l'OSDH, citant des militants sur place. A Rastane "Les forces armées accompagnées de plus de 250 chars et blindés ont pris d'assaut la ville de Rastane", a ajouté l'OSDH. C'est une véritable guerre qui y oppose depuis quatre jours l'armée à des déserteurs, a rapporté l'OSDH. Selon des habitants, un millier de déserteurs épaulés par des habitants en armes tentent de résister à l'assaut des forces gouvernementales. Selon l'agence de presse officielle Sana, sept morts et 32 blessés ont été recensés dans les rangs de l'armée et de la police, qui ont "infligé de lourdes pertes aux groupes terroristes armés" de Rastane. Mais, le mouvement d'opposition ne s'essouffle pas. Les opposants syriens sont descendus dans les rues par dizaines de milliers vendredi après la prière pour réclamer la démission du président Bachar al-Assad. Ils ont également clamé leur solidarité avec Rastane. Le Conseil de sécurité de l'ONU est toujours divisé au sujet de menaces de sanctions contre la Syrie. Les pays occidentaux ont renoncé au mot "sanctions", optant pour le terme de "mesures ciblées" dans l'espoir de surmonter l'opposition de la Russie.