La présidence française du G20 a promis, avant-hier, aux principaux pays riches et émergents réunis à Paris que les Européens apporteraient le 23 octobre une réponse décisive à leur crise de la dette. Les résultats du Conseil européen du 23 octobre seront décisifs pour la croissance mondiale, a déclaré le ministre français des Finances François Baroin, à l'issue de cette dernière réunion des grands argentiers du G20 avant le sommet du groupe les 3 et 4 novembre à Cannes, dans le sud-est de la France. Les Européens ont promis à l'occasion de ce sommet d'apporter une réponse globale et durable à la crise de la dette qui les mine. Mais tout aussi décisifs seront la façon dont les Etats-Unis vont préciser leurs mesures de consolidation budgétaire et l'engagement circonstancié de la Chine à rééquilibrer les moteurs de sa croissance, a poursuivi le ministre en rendant compte des travaux du G20. Les ministres du G20 ont salué dans une déclaration commune les efforts des Européens visant à endiguer la crise de la zone euro et ont dit attendre les résultats du Conseil européen du 23 octobre, qui présentera un plan global afin d'apporter une riposte énergique aux défis actuels. Les Etats-Unis et les puissances émergentes du G20 ont appelé à maintes reprises les Européens à prendre toutes les mesures nécessaires afin d'endiguer leur crise et surtout d'empêcher toute éventuelle propagation au reste de l'économie mondiale. De ce point de vue, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a reconnu, avant-hier, à Paris que le plan esquissé par les Européens pour y parvenir contenait des éléments appropriés.Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G20 ont également assuré avoir progressé dans la mise en œuvre d'un plan d'action, en vue du sommet de Cannes, qui couvrira un ensemble de mesures destinées à apporter une réponse aux vulnérabilités immédiates, et à consolider les éléments d'une croissance forte, durable et équilibrée, selon le texte de leur communiqué final publié, avant-hier. Plusieurs pays avaient jugé avant cette réunion nécessaire de renforcer les ressources du Fonds monétaire international (FMI) pour lui permettre de faire face à tout éventuel dérapage de la crise en zone euro. Les Etats-Unis se sont toutefois montrés réticents, jugeant suffisantes les ressources actuelles.M. Baroin a assuré à ce propos qu'il y avait une large convergence au sein du G20 pour adapter les ressources du FMI en fonction des circonstances. Nous nous sommes engagés à veiller à ce que le FMI dispose des ressources adéquates pour assumer ses responsabilités systémiques et attendons avec intérêt les discussions à ce sujet à Cannes, affirme sur ce point le communiqué final de la réunion des grands argentiers de ce groupe des économies les plus puissantes de la planète. La taxe sur les transactions financières rejetée La taxe sur les transactions financières ne verra pas le jour au niveau international, comme l'espérait Nicolas Sarkozy, les ministres des Finances du G20 ayant rejeté massivement, avant-hier, cette initiative. Les délégations américaine, canadienne, japonaise, indienne ou brésilienne se sont prononcées contre une telle taxe, qui était l'une des initiatives phares que la France espérait faire avancer lors de sa présidence du G20. La taxe, à laquelle est également réticente la Grande-Bretagne sauf à ce qu'elle soit globale, pourrait toutefois voir le jour au sein de la seule zone euro, sous l'impulsion de la France et de l'Allemagne."Il a été clairement dit que nous devons mettre en œuvre cette taxe en Europe parce qu'il n'y a pas de soutien à le faire sur un plan global", a convenu le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, après la réunion.La Commission européenne a proposé fin septembre une taxe européenne sur les transactions financières à partir de 2014 excluant le marché des changes.Selon cette proposition, les transactions réalisées à l'extérieur de l'Europe seraient également taxées, à partir du moment où elles impliquent une banque ou tout autre établissement financier du Vieux continent, afin d'éviter toute fuite des capitaux. La taxe ne concernerait en revanche pas les particuliers ni les opérations sur le marché primaire de la dette souveraine et les émissions d'action en Bourse. Les chiffres avancés par l'exécutif communautaire portent sur un impôt de 0,1% sur les échanges d'actions et d'obligations et de 0,01% sur les échanges de produits dérivés. Le dispositif pourrait permettre de lever quelque 30 milliards d'euros par an, selon plusieurs estimations préliminaires au sein de l'exécutif communautaire. Selon un récent sondage réalisé par la Commission, 65% des Européens sont en faveur de cette taxe. La nouvelle contribution des banques pour la Grèce connue le 23 octobre La nouvelle contribution des banques à un allègement plus substantiel de la dette publique de la Grèce sera dévoilée le 23 octobre lors du sommet de la zone euro, a déclaré, avant-hier, à Paris le ministre français des Finances François Baroin. Interrogé sur la décote qui serait décidée sur les titres de dette de l'Etat grec détenus par des créanciers privés, il a affirmé au cours d'une conférence de presse au terme d'une réunion ministérielle du G20 que la France et l'Allemagne avaient bien avancé sur cette question.Nous avons des points d'accord qui se dégagent assez nettement et nous aurons un accord sur cette question, a ajouté M. Baroin. Mais il a précisé qu'il laisserait le soin aux chefs d'Etat et de gouvernement, précisément la chancelière (allemande Angela Merkel) et le président (français Nicolas Sarkozy), de formuler des élements de l'accord le 23 octobre. Cette décision sera prise sur la base du rapport de la troïka des bailleurs de fonds publics d'Athènes (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), qui sera publié mercredi, a annoncé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a aussi refusé de donner des précisions sur cette nouvelle décote qui devrait aller au-delà des 21% décidés par la zone euro et les banques le 21 juillet. Les travaux sont en cours, a-t-il dit à plusieurs reprises à la presse. Nous allons travailler sur la base de l'accord du 21 juillet mais en y incluant quelques révisions techniques en raison de la dégradation de la situation depuis trois mois, a-t-il ajouté. Nous ne sommes pas en train de rouvrir l'accord, nous le revisitons, a dit Olli Rehn. Le lobby international des banques s'est montré très réticent à une réouverture de cet accord, ne voyant aucun élément convaincant qui justifierait une telle renégociation. Interrogé sur cette position qui pourrait potentiellement bloquer le plan européen avant le 23 octobre, M. Baroin a rappelé que la France souhaitait que tout accord avec les banques, principaux créanciers privés de la Grèce, se fasse sur une base volontaire.Nous allons trouver une solution pour la Grèce, a affirmé de son côté M. Schäuble. M. Rehn a par ailleurs confirmé que les Européens se dirigeaient vers une accélération, mi-2012 plutôt que mi-2013, de l'entrée en vigueur du fonds permanent de secours financier de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES). S'agissant du renforcement de la puissance de feu du Fonds européen de stabilité financière (FESF), le fonds de secours temporaire destiné à être remplacé par le MES, Olli Rehn a aussi dit que les travaux techniques étaient en cours. Je préfère ne pas compliquer les négociations en dévoilant des précisions, a-t-il expliqué. Le plan européen a des éléments appropriés Le plan des Européens pour remédier à la crise de la dette qui les mine contient des éléments appropriés, s'est félicité, avant-hier, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, dans une déclaration à l'issue d'une réunion des pays du G20 à Paris. Nous avons entendu des choses encourageantes de la part de nos collègues à Paris, a-t-il déclaré, ajoutant que le plan préparé par les Européens incluait un pare-feu financier beaucoup plus substantiel pour éviter toute contagion de la crise de la dette. Ce plan comprend les éléments appropriés et sa crédibilité est renforcée par la stratégie adoptée par les gouvernements belge et français pour limiter les dommages collatéraux potentiels qui auraient pu accompagner la chute de Dexia, banque franco-belge en cours de démantèlement, a ajouté le secrétaire américain. Les Etats-Unis se sont montrés très pressants à l'égard de leurs partenaires européens, afin qu'ils prennent toutes les mesures nécessaires pour endiguer la crise dans la zone euro. Le président américain Barack Obama a encore appelé vendredi soir la chancelière allemande Angela Merkel. Mais le ton en provenance de Washington s'est adouci. L'Europe avance clairement, a ainsi déclaré le vendredi M. Geithner. Mais bien sûr le plus dur reste à faire, avait-t-il lancé. Nous attendons les résultats du Conseil européen du 23 octobre, qui présentera un plan global afin d'apporter une riposte énergique aux défis actuels, ont également déclaré les ministres des Finances du G20 dans leur communiqué final. Le secrétaire américain au Trésor a par ailleurs de nouveau insisté sur la nécessité pour la Chine d'accélérer le rythme de l'appréciation de sa monnaie, le yuan, que Washington juge artificiellement sous-évaluée. Une réponse globale positive (pour la croissance) serait renforcée par davantage de progrès vers une croissance tirée par la demande intérieure dans les grandes économies émergentes et un rythme plus rapide de l'appréciation de son taux de change par la Chine, a-t-il ainsi déclaré. Nous réaffirmons notre intérêt commun pour un système monétaire international fort et stable, ainsi que notre soutien à des taux de change déterminés par les marchés, a indiqué de son côté le G20 dans son communiqué publié à la fin de sa réunion, avant-hier.