L'ancien ministre des Finances et député RND Abdelkrim Harchaoui est optimiste quant aux capacités de l'Algérie à mener à terme les grands projets engagés et ce, malgré la conjoncture économique mondiale morose qui caractérise les économies des pays développés ou les " signaux sont au rouge ". Ce qui prémunit notre pays, du moins à court terme, ce sont les réserves financières cumulées ces dernières années grâce à l'envolée des prix du baril de pétrole, a estimé Abdelkrim Harchaoui, invité hier de la chaîne III de la Radio nationale. Pour lui, le programme engagé par le président de la république est en passe de se réaliser et il s'agit beaucoup plus " d'engagements qui se concrétisent sur le terrain ". "Nous disposons de ressources naturelles comme les hydrocarbures ce qui permet à notre pays de réaliser ses objectifs de croissance grâce aux budgets alloués et aller vers une croissance hors hydrocarbures " a-t-il déclaré. La preuve, poursuit-il, en est que le tout le pays est en chantier pour construire des infrastructures indispensables au développement et surtout rattraper le retard qu'a connu le pays dans ce domaine ". Mais la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures inquiète-t-elle l'ancien ministre des Finances ? Pas si sûr car Abdelkrim Harchaoui parle de " don du ciel qu'il faut utiliser pour le développement économique du pays ". L'Etat, explique le député RND, reste grâce à la manne financière le plus grand investisseur, car à la fois il y a eu des flux de capitaux étrangers encore moins ceux des nationaux qui ont " bénéficié d'un train de mesures incitatives pour booster le secteur privé en plus du budget important consacré à la recapitalisation des entreprises publiques". Abdelkrim Harchaoui a tenu ainsi à rappeler que la croissance est " l'affaire de tous de l'état et du secteur privé qui a permis l'émergence ces dernières années de capitaines d'industrie ". Partant delà il estime que l'initiative privée doit prendre le relais et l'Etat doit se désengager. En attendant le gouvernement tente de rattraper le retard que le pays a connu durant les deux dernières décennies à cause du " choc pétrolier et le plan de rééchelonnement de la dette dicté par le FMI avec des mesures restrictives et qui a refusé le plan de relance budgétaire que l'Algérie a proposé ". M. Harchaoui s'est beaucoup attardé sur cette période où l'Algérie a payé le prix fort en fermant des entreprises et en acceptant des crédits avec des intérêts à court terme qui ont porté un coup au développement économique. Interrogé sur les augmentations salariales décidées par le gouvernement, il affirme que la paix sociale à un coup et un avantage car elle " encourage les travailleurs et les cadres pour à la fois améliorer la productivité et rattraper les écarts dans les salaires ". Pour lui, la situation financière du pays permet cette politique salariale mais souhaite au passage que les prix du baril ne s'effondrent pas d'autant que la crise économique en Europe n'a pas encore d'issue et les conséquences sur la demande énergétique ne sont pas écartées. Il souligne à cet effet que l'Europe contrairement à l'Algérie dans les années quatre vingt dix est encouragée dans son plan de relance budgétaire qui lui a permis d'injecter énormément de liquidité sans la croissance. " L'Europe qui a vécu durant trente ans sur le dos du monde doit aujourd'hui rembourser " a-t-il dit. Les pays européens qui sont les premiers partenaires de notre pays se sont beaucoup interrogés après la promulgation de la loi de finances complémentaire de 2009 qu'il considère " trop protectionniste " et l'ancien ministre a déclaré qu'il a eu des discussions avec les ambassadeurs et les députés européens en leur expliquant que ce qui est fait est légitime car la chute des prix du pétrole entre 2008 et 2009 a fait perdre à notre pays " 33 milliards de dollars ". Il estime à ce propos que les intérêts de l'Algérie ne peuvent être défendus que par les Algériens eux-mêmes et les étrangers n'investissent que là où il y a des profits à gagner.