Le Centre culturel français à Alger (CCF) s'apprête à rendre, aujourd'hui, à partir de 18h 30 au niveau de sa salle de spectacle, un vibrant hommage au cinéaste français Eric Rohmer à travers son fabuleux Conte d'automne. Sorti en 1998, " Conte d'automne " qui a été diffusé récemment par Arte fait partie du cycle des Contes des quatre saisons. Il s'agit du récit de "Magali viticultrice en Ardèche, veuve depuis cinq ans. Son fils a une petite amie, Rosine, avec qui il s'entend très bien. Son amie d'enfance Isabelle met une annonce dans un journal de rencontres. Elle rencontre trois fois Gérald avant de lui avouer qu'elle est mariée et heureuse, et qu'elle souhaiterait lui présenter son amie Magali. Pendant ce temps, Rosine prépare le terrain pour lui faire rencontrer son ex-prof de philosophie et amant, Etienne. Les rencontres s'effectueront lors de la fête de mariage de la fille d'Isabelle. Il y aura peu d'atomes crochus entre Etienne (qui préfère les jeunes) et Magali, en revanche entre elle et Gérald le courant passe. Le temps d'effacer les non-dits entre elle et Isabelle, tout est bien parti. " Avec Marie Rivière, Béatrice Romand, Alain Libolt, ce film explore, tout comme dans les marivaudages, les jeux des hasards amoureux. Rohmer est d'abord professeur de lettres, germaniste et écrivain. Il publie un roman, Elisabeth, en 1946, sous le pseudonyme de Gilbert Cordier. Il écrit ensuite pour différentes revues, et fonde La Gazette du cinéma où il fait la connaissance de Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, François Truffaut, ou encore Claude Chabrol - avec lequel il signe en 1957 un livre sur Alfred Hitchcock. Ce groupe se dirige d'abord vers la critique, au sein des Cahiers du cinéma, dont Rohmer devient rédacteur en chef de 1957 à 1963. En 1963, il doit laisser sa place à Jacques Rivette. Ils vont rapidement fonder ce qui deviendra " la Nouvelle Vague ". En 1959 il réalise son premier long-métrage, Le Signe du lion, produit par Claude Chabrol, un film à l'aspect très novateur (étonnant, pour l'époque, dans ses digressions et son sens du rythme lent), sorti sans grand succès trois ans plus tard. En 1963, Barbet Schroeder crée la société Les Films du Losange, qui produira la majorité de ses films (les trois derniers longs métrages seront produits par La Compagnie Eric Rohmer). En tout cas, cette séance sera suivie par la projection du film, "Ma mère " de Béatrice Romand à 18h30. Réalisé en 2005, cette projection sera suivie d'un débat avec la cinéaste française. Ce documentaire qui parle de tabous, d'inceste et de maternité reliée à la sexualité, est une œuvre qui traite de ce noeud gordien de l'amour : la relation mère / fille. Actrice principale de nombreux films d'Eric Rohmer, Béatrice Romand a réalisé un certain nombre de courts-métrages et documentaires dont Ma mère. Demain à partir de 19h et toujours dans la même salle du CCF, il y aura à l'affiche, " Audience " par l'Instant Théâtre Compagnie. Dans ce spectacle, Vaclav Havel pose un regard aigu sur les changements de la société. Prague 1974... Un écrivain de théâtre, Vanek, fait profil bas face au régime communiste en roulant des fûts dans une brasserie en tant qu'ouvrier. Jusqu'au jour où son patron, Sladek, exubérant, roublard, fasciné par le monde du spectacle, las des enquêtes de la police à propos de son encombrant employé, le convoque pour lui proposer un étonnant marché...Il nous fait pénétrer dans une spirale, un tourbillon de non-sens, celui de la dimension existentielle du monde et de la crise de l'identité humaine. Une confrontation en huis clos oppressant qui amène l'intrigue dans une impasse et met tour à tour le public en situation de spectateur et de complice. Avec Alexandre Trijoulet et Hicham Chakib, le metteur en scène Hicham Chakib promet de la sensation. Le dimanche prochain à partir de 17h et dans la même salle, une conférence sous le titre "Machiavel est-il amoral ? " sera présentée par la philosophe Marie Gaille. Entrer dans le mal, en sortir, temporiser ou réagir immédiatement, mais aussi user de la loi ou de la force pour combattre...À travers ces alternatives, Machiavel dépeint le prince d'une main tremblante, comme celle de l'artiste de Dante, oscillant irrémédiablement entre humanité et inhumanité, bienveillance et cruauté, et à ce titre devient une figure scandaleuse pour le penseur d'une politique morale. Comment penser cette politique morale ? Comment l'évaluer ? Marie Gaille est docteur en philosophie, chargée de recherche au CERSES (Centre de recherche sens, éthique, société, CNRS Université Paris Descartes). Ses recherches portent sur les décisions et les controverses morales et politiques relatives au corps en matière de santé, de procréation et de mort. Parmi ses publications, on retrouve, "Machiavel, biographie " (Tallandier, 2005), "Machiavel et la tradition philosophique" (PUF, 2007), " La valeur de la vie " (Les Belles Lettres, 2010).