Le secteur bancaire espagnol s'est une nouvelle fois trouvé, avant-hier, au centre des attentions, ses besoins en recapitalisation se situant parmi les plus importants en Europe, mais il a assuré qu'il n'aurait besoin d'aucune aide publique. A deux reprises, à l'été 2010 puis l'été 2011, les banques espagnoles, fragilisées depuis l'éclatement de la bulle immobilière, avaient déjà fait parler d'elles, en étant celles qui avaient le plus échoué aux tests de résistance européen. A l'époque, le gouvernement avait souligné que le pays, dans un souci de transparence, avait soumis à ces tests la quasi-totalité de ses banques, y compris les plus petites, contre seulement 60% du secteur ailleurs en Europe. Cette fois, ce sont les cinq plus grandes entités, dont Santander, numéro un en zone euro par capitalisation, qui ont été scrutées. Et le résultat n'est pas fameux: dans l'UE, seules les banques grecques auront besoin de plus d'argent, pour atteindre les nouveaux critères de solvabilité en juin 2012. Sur le montant total nécessaire pour le secteur espagnol, l'Autorité bancaire européenne (EBA) parle de 26,16 milliards d'euros, mais Madrid affirme que ce sera moins. La nuance réside dans la prise en compte, dans les fonds durs (core capital) de la banque, des obligations convertibles en actions. Un combat mené par le gouvernement espagnol depuis des mois. "Pour nous, il était important que soit prise en compte la dette convertible dans la période jusqu'à juin 2012, et cela a été convenablement accepté", a affirmé à Bruxelles José Luis Rodriguez Zapatero. En les comptabilisant, "le chiffre nécessaire pour ce processus de recapitalisation des cinq grandes banques espagnoles est de 17 milliards d'euros nets", a-t-il estimé, ce qui reste quand même le deuxième montant en Europe derrière la Grèce. Selon la presse espagnole, le gouvernement aurait seulement arraché la promesse que ces convertibles seraient prises en compte, mais l'EBA les a pour l'instant ignorées dans son calcul. "Les banques espagnoles sont sorties du sommet de Bruxelles comme les grandes perdantes en Europe", estimait, avant-hier, El Pais. L'effet se note surtout pour Santander: tandis que l'EBA évalue ses besoins à 14,97 milliards, la banque, en incluant ses obligations convertibles, ramène ce chiffre à 6,474 milliards. Les autres banques ont seulement communiqué le montant donné par l'EBA: 7,087 milliards pour BBVA, 2,362 milliards pour Banco Popular, 1,14 milliard pour Banco Financiero y de Ahorros (Bankia) et 602 millions pour La Caixa. Mais toutes ont délivré le même message rassurant, jurant pouvoir atteindre les nouveaux ratios de capital sans demander la moindre aide publique, alors que le secteur a déjà reçu plus de 17 milliards de prêts publics. BBVA "est en situation pour remplir ces nouvelles exigences", Santander y parviendra "sans besoin de mener aucune augmentation de capital", Banco Popular a la "capacité d'atteindre ces exigences sans altérer sa puissance financière", ont-elles notamment affirmé. Les banques du pays "peuvent avoir la capacité de trouver ces fonds par elles-mêmes et ne pas avoir besoin d'aides publiques", a renchéri la ministre de l'Economie Elena Salgado. "Ma conviction est que les banques vont faire tout leur possible pour ne pas avoir besoin de demander cette aide publique" et "notre perception actuellement est qu'elles ne vont pas en avoir besoin", a-t-elle assuré. Pour le secteur bancaire espagnol, qui vient d'achever, sous l'impulsion des autorités, deux ans de restructuration et de renforcement de sa solvabilité, cette nouvelle reste un désaveu, alors que le gouvernement assurait depuis des mois que, grâce à ce processus, les banques étaient déjà suffisamment capitalisées. "Les nouvelles exigences de capital pour les banques européennes sont arbitrairement élevées" et "génèrent de l'incertitude", a réagi, avant-hier, l'Association espagnole des banques.