Après plusieurs spectacles époustouflants à Alger, Amazigh Kateb, fils de son père Yacine était le 2 novembre dernier en Bourgogne au Creuset et sera dès le 26 novembre prochain en même endroit pour une lecture intitulée, "Le Poète comme un boxeur" de Kateb Yacine, celle-ci sera lue en compagnie d'El Ajouad, au Creusot / L'ARC. Au même endroit et le lendemain, soit le 27 novembre, il sera en Stage-chant, puis le 10 décembre, il sera à l'affiche à Saint-Denis, au Théâtre Gérard-Philipe ; le 24 janvier, il sera en concert à Meylan dans l'Hexagone. Après son succulent, "Marché noir ", un opus qu'il paraphait en 2009 lorsqu'il décidait son divorce avec son groupe originel, Gnaoua diffusion, Amazigh Kateb qui a depuis entamé une brillante carrière, adaptait il y a peu, un texte du poète révolutionnaire Mahmoud Derwich, le très réputé, "A ma mère". Ce produit devait d'ailleurs le conduire en Syrie pour une tournée moyenne orientale, mais les événements sécuritaires ont dû contrarier ses projets. Longues et fortes ovations pour le fils de son père, (Amazigh kateb) qui, là où il passe, fait un malheur, à travers un répertoire cru qui fustige tous les pouvoirs fallacieux et injustes. Pour le faire, il puise dans ses rythmes bariolés d'humanisme, son répertoire téméraire et impitoyable avec ceux qui sont responsables des malheurs des autres. Il a chanté, "Mossiba", "Koma", "Douga Douga" "Dima n'touma", "Bonjour", "Africain", et bien d'autres encore, qui mettent à chaque fois le public dans une formidable adhésion tant il est vrai que ce que raconte Amazigh n'est pas faux. Son arme était le guembri séculaire, son discours un rythme hérité du gnawi des esclaves africains, du rap révolté, du reggae transcendantal…et tout ça, pour dire qu'il s'inscrit de par ce qu'il fait dans un monde humain qui refuse les exils et les frontières. Parolier, musicien, interprète, Amazigh Kateb dit ce qu'il pense sans faire la moindre allégeance, tout comme le fut son père, au diktat des pouvoirs et des conforts. Libre comme un poète maudit, il fustige les injustices, traque la haine là où elle se trouve. Toujours du côté des plus faibles, le cœur à gauche, Amazigh Kateb pense que "si les femmes n'existent pas socialement, si on ne leur reconnaît pas un rôle dans la société, on ne peut rêver de révolution ou de changement". "Elles sont une charnière sociale, et la culture de par son rôle d'absorption des émotions, des sensations, a la capacité de rassembler et de favoriser cette mixité indispensable à la survie de toute société en mutation", a dit le fils de son père. Pour lui le message de l'artiste est "plus écouté que les discours politiques par le seul fait qu'il ne soit pas électoraliste". "Un artiste ne demandera pas à son public de voter pour lui, ne lui fera pas de promesse. Par contre, il prend position et appelle à une mobilisation autour d'une cause, toujours humanitaire, jamais lucrative", soutenait-il."Il est la résonance de son époque, s'il parle un langage hermétique, il risque de s'éloigner de son rôle consistant à briser le silence sur une réalité que certains préfèrent taire", ajoute Amazigh Kateb. Récemment, il avouait qu'il ne pouvait pas, en sa qualité d'artiste, "cautionner le silence et contribuer à alimenter les tabous" alors que sa mission culturelle est forcément de "piquer, de déranger, de déstabiliser et de donner à réfléchir sur un avenir commun". D'où l'intérêt dit-il, d'élargir l'espace vital de la culture, "puisqu'elle a la capacité de contribuer à cimenter la société, autour de valeurs nobles, orientées sur l'intérêt général et les priorités du peuple". Sur le rôle de la chanson engagée, cet artiste qui n'appartient pas seulement à sa terre natale l'Algérie, mais à l'Universalité, a confié que pour avoir seulement chanté la Palestine, il s'est fait "casser les jambes par les sionistes en France, attaqué de toute part et traité d'antisémite", affirmant être "antisioniste et compte le rester jusqu'à la fin de mes jours". Interrogé sur ses rêves, il affirme qu'ils "ne sont pas démesurés et qu'ils plaident tous pour l'être l'Humain, qu'il considère comme " la valeur la plus sûre dans un monde de guerre et d'ingérence calculée".